L’écriture de Normand Chaurette est particulière, assez éloignée de ce que l’on attendrait d’une écriture pour un théâtre jeune public. Comment la définirais-tu ? Comment la travailles-tu avec tes comédiens ?

Cette pièce est en effet vraiment surprenante. Le paradoxe de cette écriture, c’est qu’elle est très ciselée, porteuse d’une dimension onirique, presque immatérielle et en même temps d’une simplicité déroutante.
A la première lecture de Petit Navire, le texte m’est apparu très écrit, très érudit, presque abscons. Mais il n’en demeure plus rien dans la bouche de l’acteur : lorsque nous avons mis en voix le texte durant la première session de répétition, nous nous sommes efforcés de rester modestes par rapport à l’auteur ; nous nous sommes appliqués à dire les mots comme ils sont écrits et à nous laisser porter par le phrasé de Normand Chaurette. Nous avons alors pris conscience de la grande limpidité du texte, de sa simplicité et de son évidence.
En ce sens, je crois que Normand Chaurette est véritablement un auteur dramatique, il écrit dans une langue destinée à l’acteur. Pour jouer son texte, le comédien doit en trouver le souffle, la respiration. Ensuite pour le public, tout cela devient simple, léger, ensorcelant et en même temps intelligent et drôle à écouter.

Comment avez vous pensé, avec la scénographe, l’espace de Petit Navire ?

Nous avions envie de montrer la coulisse du spectacle et ainsi de dédramatiser l’aspect fictionnel du récit. Je redoutais peut-être le traumatisme lié notamment à la mort du mouton dans l’histoire. Je souhaitais que les enfants aient pleinement conscience de la part de convention nécessaire à toute entreprise théâtrale.