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: Présentation

PERPLEXE, adj.
[Qualifie une personne] Qui ne sait quel parti prendre ou quel jugement former. Synonyme. embarrassé, incertain, indécis, irrésolu; antonyme. convaincu, décidé, résolu.
Étymologie. Emprunté au latin perplexus : «enchevêtré, embrouillé, compliqué» (composé de per «tout à fait» et de plexus participe passé de plectere «tresser, enlacer»)

Perplexe est une enquête, un colin-maillard existentiel, un jeu malin avec le spectateur, une culbute saugrenue dans l’histoire de la pensée occidentale. Tout ça à la fois, et tressé ensemble sans résolution, dans un dérèglement allègre. Marius von Mayenburg installe deux femmes et deux hommes (soit quatre quadras) dans un salon cosy et fonctionnel, et exécute, à sa manière sportive et vertigineuse, le carnaval des possibles, soit toutes les combinaisons qui peuvent réunir, séparer, déshabiller, affoler ces quatre êtres.


Dans ce cluedo philosophique, entre les quatre murs de ce pavillon, se vérifient la loi de la sélection des espèces, la mort de Dieu, le mythe de la caverne. Chacun (re)découvre, à ses dépens, l’efficience de Darwin, la prémonition de Nietzsche et le diagnostic de Platon, à l’occasion d’une douche, d’une fête masquée (thème : Aurore boréale), ou d’un baiser échangé.
Les situations se font et se défont. Dans ce contrat ludique avec le spectateur : à chacun de trouver les indices, de reconstituer le sens de ce thriller des identités, où les individus réinventent en cascade les scénarios de leurs aventures biographiques.


Les personnages de Perplexe sont des « individus-patchwork » qui cherchent assurance et sécurité dans une réalité mouvante et en désintégration continue. Ils ne peuvent que glisser en permanence dans les toboggans métaphysiques dont l’auteur a miné la pièce. « Nous ne sommes nous-mêmes qu’à partir de l’histoire que nous pouvons raconter de nous-mêmes » disait Ricoeur. Mais que sommes-nous alors quand cette histoire se délaye en small-talks sur les vacances, l’état de l’immobilier, les activités des enfants…


La dernière pièce de Marius von Mayenburg est peut-être une comédie absurde, ou une pièce sur l’absurdité de la comédie ; ou peut-être une pièce grave, qui aurait oublié sa chute, sur le théâtre même, frêle métaphore de notre monde, inquiété par la ligne de démarcation évanescente entre la réalité et sa représentation théâtrale.

Frédéric Bélier-Garcia

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