Le projet Das is die Galerie interroge la question de la perception visuelle, dans l’action d’imagination et le rapport à la narration qu’elle induit, en s’intéressant au lien entre l’image, le souvenir et la mémoire. Quelles frontières s’instaurent et se déplacent entre l’image et le texte ? A quel moment le texte devient image et à quel moment l’image devient mot ?

Le texte Paysage sous surveillance de Heiner Müller (originellement intitulé Bildbeschreibung, soit Description d’une image) se présente comme la parole d’un regard porté sur un tableau, ou plutôt de plusieurs regards simultanés, de points de vue pluriels et singuliers... S’agit-il d’un seul instant ? D’une seule situation? Le Paysage sous surveillance est la description d’une image qui n'a probablement existé, sinon que dans l’esprit de son auteur. Et c’est comme si elle ne devenait qu’un souvenir vague émergeant des profondeurs de la mémoire du lecteur... Quel est ce moment de la perception, cet instant de passage ou de cohabitation entre une perception fiable, évidente, assurée, et un état de confusion ou de doute par rapport à ce qui est à voir ? Les différentes réalités se succèdent les unes après les autres et c’est à nous seuls de nous y repèrer, de nous y accrocher.