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Passif

+ d'infos sur le texte de Angel Liegent
mise en scène Julien Royer

: Note d'intention

Passif comme « celui qui est pénétré ».


Matthieu, 17 ans, se demande s’il est transgenre, cumule les rencontres sexuelles sans capote, brave les interdits, se prostitue pour survivre. Il a quitté l’école, se fait exploiter comme caissier dans un supermarché, subit l’homophobie à commencer par celle que lui impose son père.


Matthieu est en quête d’identité sociale, professionnelle, familiale. Sauf qu’il ne le sait pas, il s’en fout. Plus rien n’a de sens. Matthieu s’imagine comme une figure tragique, victime de son destin. À travers sa sexualité, il va se conduire à la confusion de genre, à l’auto-mutilation, la soumission, l’aliénation.


Passif est une performance qui traite de la violence dans le milieu LGBT, notamment celle de la violence conjugale.


Si le sujet est à vif, la pièce ne tombe pas dans le misérabilisme. C’est un conte moderne, fleuretant sur le concept de la radicalité, où les humains sont idéalisés . Un monde imaginaire fait de symboliques où Matthieu erre dans sa quête de soumission.


Le texte d’Angel Liegent interroge la notion de violence en générale, qu’elle soit intime, psychologique ou physique et ses mécanismes.
Il y a d’une part l’expérience du corps: des tableaux construits de dialogues « à trous », où seule la parole de Matthieu est rapportée. Chaque spectateur doit ainsi imaginer la violence ou le grotesque des situations auxquelles il fait face.
Et il y a d’autre part l’univers mentale et intime de Matthieu qui s’inflige la confession d’une histoire d’amour-violence. Comme un témoignage radiophonique où les auditeurs sont témoins d’un mécanisme psychologique.
Il est le fantasme, l’objet du désir d’un homme qui tisse sa toile insidieusement et le pousse vers un destin tragique. Matthieu joue le jeu au point de tout accepter. Victime et bourreau.


Passif est le récit d’une génération ayant intégré les codes de la soumission et de la domination comme affirmation de leur genre, un paradoxe entre désir et violence. C'est pourquoi, j'ai souhaité créer un dialogue imaginaire entre l’alienation du personnage et la culture musicale underground. L’enivrement à travers la musique techno, noise et son folklore raconte les besoins hypnotiques d’une génération ayant intégré la violence comme expression de soi.


​En passant cette commande d'écriture à Angel Liegent, il y avait ce besoin non pas d'explorer la morale mais bien l’hégémonie du poids patriarcal à travers le prisme de l’art-vivant. Suis-je réduit à la passivité sociale si je suis gay ?


Il y a un état de fait en France, comme ailleurs certainement, les actes de violences homophobes et transphobes se multiplient, qu’ils soient verbales, psychiques, physiques. Bien que les études montrent une acceptation globale du droit à avoir une identité sexuelle différente ou d’appartenir à un genre autre que celui du féminin/masculin, les tabous et les préjugés demeurent au sein des familles, des écoles, du monde professionnel… Cela entraine en effet un certain nombre de freins à la construction identitaire, affective, sociale des jeunes homosexuel(le)s et transgenres, puisqu’iels seront confronté.e.s plus intensivement à cette violence et cela, dès l’école primaire jusqu’au sein de l’entreprise et des administrations.


La banalité est pourtant surprenante, les violences au sein des couples LGBT seraient statiquement les mêmes que chez les couples hétérosexuels, concernant toutes les classes sociales et apportant les mêmes aliénations, silences, peurs pour les victimes. Pourtant, les services de police, de psychiatries, les travailleurs sociaux ne sont pas formés pour aider et accompagner ces victimes qui sont ostracisées, dont les plaintes ne sont pas considérées ou tues.

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