theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Orphelins »

Orphelins


: Présentation

C’est l’automne, fin d’après-midi. Des orphelins patientent dans un parc près d’une petite chapelle. Ils doivent aller prier pour une de leurs camarades qui est morte. Ils s’interrogent sur la mort et cet esprit impalpable qu’est l’âme. Un des enfants, Jérôme, dit que la petite fille n’est pas morte, car lui connaît la Mort. Les enfants se moquent de lui et l’abandonnent dans le parc que la nuit envahit. Voici le petit canevas des Orphelins de Rilke, pièce rare et singulière dans l’oeuvre d’un auteur avant tout poète.


Alors que chez les Tragiques Grecs l’enfant impuissant était conduit à la mort (Astyanax) ou sauvagement assassiné (les enfants d’Héraclès), on assiste chez les auteurs contemporains à la transposition de l’enfant sur la scène du meurtre, métaphore d’une civilisation qui n’a plus foi en l’avenir. En ce sens, Rilke est précurseur en mettant en scène les pensionnaires d’un orphelinat. Un siècle avant Edward Bond, l’auteur des ''Sonnets à Orphée'' laisse le temps d’une courte pièce s’épancher la violence de l’enfance. Dans la lignée du symbolisme, il crée un drame statique où les enfants questionnent la vie et la mort. Treize enfants, sept garçons et six filles sont réunis dans un parc septentrional. On est très proche du premier théâtre de Maeterlinck : lieu perdu et indéfini, symbolique des nombres (on pense aux treize personnages des Aveugles abandonnés sur une île, ou aux Sept princesses endormies), dialogues brefs, onomatopées, action invisible, ellipses, anaphores, ponctuation délétère.


Remonter cette pièce avec des enfants et des adolescents, c’est répondre aux attentes du dramaturge qu’était Rilke. Maeterlinck pensait que la scène était le lieu où mouraient les chefs-d’œuvre, qu’il fallait éliminer l’acteur, trop enclin à la fausseté et la sur-interprétation psychologique. En travaillant avec des enfants, on se rend compte qu’ils ne « jouent » pas au sens théâtral. Ils ne cherchent pas à justifier ou calquer ce qu’ils disent d’après une pathologie. Ils sont sincères au point d’oublier le rôle auquel on les assigne.

Olivier Dhénin

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.