Traduit dans le monde entier, Orages d’acier est l’un des témoignages de guerre les plus passionnant, précis, bouleversant.

Comment, une langue peut-elle à ce point nous faire ressentir la guerre ? Comment un homme réussit-il grâce à son écriture à nous faire traverser une expérience aussi extrême que celle des tranchées de la première guerre mondiale ?

En lisant Orages d’Acier, on s’interroge en permanence sur la puissance de l’écrit, la force de la littérature.

En plongeant dans ce texte afin de tenter dans tirer la trame d’un spectacle, on découvre une architecture implacable, une langue ciselée, un regard précis et au scalpel.

Ce qui est le plus frappant c’est sûrement comment Jünger, dans un même paragraphe, arrive à la fois à nous faire ressentir le présent d’une situation extrême et à nous transmettre une réflexion profonde et intime sur ce même événement.

Comme si Jünger, soldat, risquant à chaque instant d’être blessé ou tué, continuait à regarder cette guerre comme un amoureux de la littérature et de la beauté, se baladant sous les bombes ou sous les balles, découvrant en lui-même des émotions que seules les tranchées pouvaient lui faire vivre.

Ce héros de guerre, ayant accompli des actes d’une grande bravoure, deviendrait presque un aristocrate, un dandy vivant la guerre comme une nécessaire expérience de la vie.

Cette guerre est terrible, meurtrière. Nous le comprenons à chaque instant. Le regard qu’il porte sur elle est implacable. Son absurdité est révélée à chaque instant.

Mais un souffle étrange ressort de ces lignes. La musique de la guerre se fait presque entendre. Comme si Jünger avait transformé les canons en instrument, les combats en chant, les bombardements en orages d’acier.

Guillaume Dujardin