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Onysos le furieux

+ d'infos sur le texte de Laurent Gaudé
mise en scène Emmanuel Besnault

: Entretien avec Jacques Frantz

Propos recueillis par Sheila Louinet pour La Revue du Spectacle

Est-ce que vous connaissiez ce texte ?


Ne connaissant pas cet auteur au départ, je me suis précipité sur tout ce qu’il avait écrit. C’est un auteur absolument magnifique. Quand Emmanuel est venu me proposer ce texte, j’ai été complètement renversé, enthousiaste. Je n’ai pas beaucoup hésité à lui dire oui, quelles que soient les conditions. Je me suis dit, un texte pareil, quand on te le propose, ça ne t’arrive pas tous les jours, tu ne discutes pas. Ca fait partie de ce que Vittez appelle « le théâtre de grand langage.»


Faire confiance à un jeune metteur en scène ne fut pas un problème ?


Le talent n’est pas une question d’âge. C’est une question d’instinct. J’ai vu Emmanuel, comment il réagissait dans le travail avec Gérard Gelas, je l’ai observé l’air de rien, j’ai vu les remarques qu’il faisait. J’ai senti quelqu’un de très attentif, précis, intelligent, ouvert. Et puis surtout c’est la force et la vigueur de son enthousiasme qui m’ont convaincu. Je ne suis pas quelqu’un d’intimidant, mais je suis exigeant. Et mon exigence répond parfaitement à la sienne. Je pense aussi que c’est très important de travailler avec des jeunes metteurs en scène, de leur donner leur chance, de ne pas les prendre pour des imbéciles et de faire en sorte que leur talent puisse totalement exploser et s’exprimer. Ca fait partie du devoir de passage d’un acteur.


Qu’est-ce qui vous a interpelé d’abord dans cette pièce ?


C’est l’écriture dramatique d’abord, une espèce de langage post-claudélien. J’aime beaucoup les choses très écrites au théâtre parce que l’on peut s’appuyer dessus justement pour faire que ça n’ait pas l’air d’être écrit. L’histoire, ensuite. Il y a une lecture mythologique mais aussi une lecture plus humaine : c’est l’histoire d’une naissance. Cet homme se réveille, il vient des origines, c’est une force brute, il fait des récits terribles de sa naissance, comment il a été démembré, de la guerre, de la mort, des femmes, des sacrifices, du sang. Puis après il y a la méditation, il traverse le désert, il y a un retour aux sources, en Egypte où tout à coup il connaît le calme. Puis il y a la découverte de l’amour, et pour finir, cette espèce de force brutale va se révéler. Il n’est pas que dionysiaque, il est aussi solaire et apollinien. La pièce s’achève sur un don, un passage, un espoir. C’est un texte évolutif, ce n’est pas simplement un récit pour le récit, il y a une gradation dans les états intérieurs du personnage, même au niveau de sa façon de s’exprimer. Au début il est brutal, rocailleux, puis petit à petit sa voix et son physique changent, il rajeunit. C’est la naissance d’un soleil, toutes les étapes à traverser pour se libérer de la pesanteur du corps, connaître sa liberté et la conquérir. J’essaye de cher- cher dans le texte les points de fuite, les accidents, les choses qui créent l’originalité profonde d’une interprétation, les dérythmages, les silences, la violence soudaine qui s’arrête d’un coup, les passages moins brusques... C’est toute une musique.

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