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Nul si découvert

mise en scène Valérian Guillaume

: Note de mise en scène

Qui est le monstre en moi ?

Seul sous un abribus déserté en tenue de plongeur, un personnage cherche à faire émerger son poème intérieur. Alors, face au public, il dégurgite la somme de mots qu’il a emmagasinés et l’histoire qu’il gardait en lui comme un secret. Passionné par ces zones commerciales qu’inlassablement, jour après jour, il parcourt en quête de stimulation, d’échange et de regard qui lui donneront la sensation d’appartenir à une société qui l’avait jusque-là laissé de côté. Le personnage est un golem composé de ces rayons garnis, de ces lumières violentes, de ces caisses automatiques sonores, de ces musiques toujours un peu trop fortes.


Et c’est Olivier Martin-Salvan qui incarne ce personnage-monde. Son interprétation aura à cœur de rendre visible ce qui doit être caché : les désirs voraces, les gouttes dans le slip, le démon dans le ventre. Au fur et à mesure de sa logorrhée, il entraîne le public dans son estomac. La destination de ce flux de paroles est inévitable : le personnage doit tout ingurgiter — et tant pis s’il doit manger le monde !


Ce langage cousu de naïveté absolue, de tendresse profonde et de violence sous-jacente confie à Olivier-Martin Salvan une véritable performance d’acteur car le personnage de Nul si découvert, parle de tout et de partout, traversant sans hiérarchie et sans échelle de valeurs les méandres de notre société contemporaine — de la pulsion la plus sordide à la plus belle manifestation poétique du quotidien. Le personnage est une éponge qui s’est gorgée du monde et transporte avec lui, sous le mode de l'inventaire, tous les incidents provoqués par le décor de ce road- movie péri-urbain.


Dans sa combinaison de super-client, le personnage nous fera entrer dans son monde de gouttes, de jeu-concours et de passions amoureuses déclenchées par le moindre mot ou le moindre regard.


L’enjeu de ce spectacle est de plonger dans le corps du langage et du désir dans toutes ces acceptions.


Le spectacle invite le spectateur à entrer, le temps de la représentation, dans le corps de l’acteur.


La création sonore fera entendre en quadriphonie les bruits de l’organisme qui auront été capté par des stéthoscopes. Margaux Robin, créatrice son, proposera une partition sonore qui explorera cet orchestre organique logé dans le ventre. Le travail sur la voix et le son créera une atmosphère continue qui nous fera entrer à l’intérieur de la respiration de Olivier Martin-Salvan.


Progressivement, le spectacle sera hanté par le démon du personnage. Ce démon s’exprimera par la voie de la vidéo-projection de graphies. Les hologrammes de Pierre Nouvel évoluent à travers la vitre de l'abribus, créant ainsi une complicité performative et inquiétante entre le texte et l’acteur.


La scénographie de James Brandily associée à la création lumière de William Lambert déploie un environnement inquiétant et dangereux qui renverra tour à tour à une tribune ou à un gouffre.


Seul habitant de ce paysage urbain vide, le personnage continuera cette odyssée du quotidien que son regard enchante. Et en dépit de tout déséquilibre émotionnel ou langagier, il préférera toujours continuer sa danse au-dessus des volcans d’une société inadaptée à ses rêves et à ses désirs.


Progressivement, le décor, contaminé par l’irruption du démon, se transformera en la page vivante de cette parole-monstre qui sera projetée ouvrant la voie vers « le grand dodo ».


  • Valérian Guillaume
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