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Nique la misère

mise en scène Pierre Guillois

: Note d’intention de mise en scène

Le nouveau solo de Nouara Naghouche que je mettrai en scène et écrierai avec elle va montrer cette fabuleuse gladiatrice de la scène dans son potentiel le plus drolatique.


La critique a régulièrement comparé Nouara à Zouc. Malmenée par quelques machos dans son jeune âge, prise dans les paradoxes de son quartier chaleureux mais emprunt de misère - en marge de l’opulent centre ville de Colmar - Nouara s’est dotée à la fois d’une capacité de combat et d’une force d’humour qui laissent pantois.


Après le succès de Sacrifices, coup de gueule poignant qui aura tourné plus de 200 fois en France, en Belgique et au Maroc, il sera à nouveau déroutant de voir cette forte personnalité s’emparer de la scène. Cette fois, Nouara est décidée à nous éprouver particulièrement au niveau des zygomatiques. Son potentiel comique a déjà fait ses preuves dans Sacrifices, mais Nouara a dorénavant évacué bien des démons qui ne la laissaient pas en paix, et ce nouveau spectacle est celui d’une portraitiste qui a bien l’intention de nous montrer quelques recoins mal visités de notre société par le prisme d’un humour implacable.


Nouara est obsédée par ceux que la vie et ses déterminismes ont laissés au bord du chemin ; et son talent est de parvenir à nous en faire rire. C’est une question de légitimité puisqu’elle est née et a vécu dans cet environnement particulièrement éprouvant ; c’est surtout parce que Nouara transcende la misère qu’elle raconte grâce à cette force de survie, cette capacité à se relever qui la caractérise. Ainsi cette comédienne, par l’extrême vitalité qu’elle déballe sur scène, devient-elle l’incarnation de l’espoir qui fait tant défaut à la cité qu’elle nous dépeint.


Un solo qui réclame, malgré ses paradoxes, le label de one woman show.


Un one woman show


Nouara a la culture des humoristes ; j’ai celle du théâtre à texte. Il y a bien pourtant un terrain de rencontre entre nous grâce à ce genre qui donne la part belle à l’acteur, qui exige une manipulation virtuose du verbe, et dont la dramaturgie tient, en grande partie, à la capacité de faire se succéder des sketches dont la faiblesse d’un seul d’entre eux peut faire crouler tout l’édifice ; ce genre, comme souvent les genres populaires, est d’une redoutable exigence ; si on lit ce projet à l’aune d’une ambition théâtrale, il devient une véritable gageure.


Certes nous n’inventons pas de forme puisque nous épousons un genre ; mais avec une actrice de la dimension de Nouara et la force de son propos, il est possible de faire grincer les mécanismes attendus, de remuer les codes tacites de l’exercice, à condition de « remplir la promesse » qu’une telle annonce suppose.


Nous allons bel et bien construire un spectacle à partir d’une succession de numéros joués par une actrice seule en scène. Ce sont des portraits sociaux, des témoignages récents ou issus de l’enfance de Nouara, interprétés par une actrice comique qui « croque », parfois en mordant, ces personnages qui racontent un pan ma connu de notre société, un petit bout oublié de l’humanité.


Le décor sera réduit à une boite noire ou quelque chose d’approchant. Le public sera de temps en temps pris à parti. Une place importante sera faite au chant et à la danse.


Nous avons donc tous les éléments d’un one woman show.


Á vrai dire, nous avons surtout l’actrice capable de l’appréhension particulière du public auquel ce style oblige, et c’est un «jeu » qui ne réclame pas seulement un talent de comédien. Nouara n’a pas fait d’école de théâtre et c’est sans doute au cours des « squat » où grelottaient quelques Alsaciens/Algériens au milieu des longs hiver colmariens qu’elle a appris à saisir son public, à le bringuebaler à travers toute la palette de ses sentiments. L’instinct est devenu un métier, et je l’espère un art pour cette actrice qui a affronté, ces dernières années, toutes sortes de configurations : jauges immenses ou minuscules, publics policés ou très turbulents, que soit dans la petite salle des fête de Rupt-sur-Moselle, un théâtre au Maroc, à la maison d’arrêt de Lure ou encore dans la grande salle du théâtre du Rond Point.


Nouara est aussi, et peut-être avant tout, une auteure - bien qu’elle ne passe pas par la plume. Ce spectacle est un pari sur l’écriture, sur cette écriture – non pas à quatre mains – mais à deux têtes.


Une écriture bicéphale


Ce spectacle s’écriera uniquement au cours des répétitions.


Deux méthodes d’écriture sont employées pour élaborer les numéros qui composent le spectacle.


La première consiste à saisir les improvisations que fait Nouara autour d’un personnage, d’un caractère. Dans ce cas, nous travaillons ensemble pour étoffer ces sketches, conserver les bons mots, trouver les situations les plus fortes… Puis nous réduisons peu à peu le numéro jusqu’à ce qu’il parvienne à une densité d’écriture et de situation qui nous satisfasse pleinement.


La seconde technique d’écriture consiste à partir des témoignages bruts que délivre Nouara. Dans ce cas il faut trouver le moyen, l’astuce, pour lui donner une théâtralité, soit en conservant le caractère du témoignage - mais en choisissant le procédé scénique qui permettra la juste réception de cette histoire - soit en créant un ou plusieurs personnages à même de porter ces anecdotes.


Ce travail, par essence, est assez long. Il nécessite surtout plusieurs étapes de travail et nous préférons le tester assez rapidement avec du public. Suite aux premières confrontations avec des spectateurs, nous modifions des numéros, nous en supprimons, nous en inventons de nouveaux… et tentons ainsi de trouver le juste équilibre du spectacle.


Aussi cette création va t’elle se faire en plusieurs étapes :


En octobre 2012, après trois semaines de travail, nous aurons élaboré une forme de 45 min. Présentations d’étapes de travail auprès des populations en Finistère et en Côtes d’Armor.


Fin novembre 2012, nous répéterons à nouveau deux semaines pour créer la forme définitive que nous présenterons au Quartz fin novembre 2012.et que nous tournerons ensuite dans des salles de spectacle.

Pierre Guillois

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