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Nekrassov

+ d'infos sur le texte de Jean-Paul Sartre
mise en scène Jean-Paul Tribout

: Note d'intention

par Jean-Paul Tribout

C'est Roland Barthes qui, oubliant que l'efficacité du théâtre bourgeois était héritée du théâtre populaire - les quiproquos de la commedia dell arte, la satire aristophanesque etc… - s'interrogeait sur la capacité à « faire du théâtre politique avec les formes compromises de la dramaturgie bourgeoise ».


C'est justement cette dualité, ou cette complémentarité, qui m'intéresse dans NEKRASSOV. J'ai été séduit dans cette oeuvre par l'alliance totalement réussie, entre la « comédie » et le « politique ».


Voici en quelques lignes ce qui, je crois, nous parle dans ce texte aujourd'hui encore, et que le metteur en scène que je suis, aimerait souligner : les arrangements politiques bien sûr, mais aussi le rôle des médias, les contradictions humaines, les rapports de pouvoir et surtout, à travers le personnage de Georges de Valera, le mythe de la réussite individuelle, qui ne s'embarrasse pas de morale, l'homme qui croit manipuler alors qu'il est manipulé. Il est, après un demi-siècle, plus que jamais notre contemporain.


Il va sans dire que je n'ai en rien l'intention de rendre la pièce « contemporaine ». Le contexte de la guerre froide est essentiel ; il est de surcroît, théâtralement et plastiquement intéressant. Je n'aurai pas non plus l'outrecuidance de vouloir « actualiser » la langue sartrienne - elle est d'une totale modernité - la vivacité des dialogues comme la qualité des situations ne pourraient qu'en pâtir.


La pièce met en scène une bonne trentaine de personnages et la forme, si l'on restait dans le naturalisme, pourrait sembler un peu datée.


Mon propos serait donc, de faire jouer le spectacle par une dizaine d'acteurs. Un certain nombre ayant des rôles fixes (George de Valera, Véronique…), les autres interprétant plusieurs personnages.


On inscrit ainsi dans la mise en scène le plaisir ludique de la composition affirmée, mais aussi la volonté de souligner la dualité, voire parfois les contradictions contenues dans des raisonnements antinomiques développés par les mêmes acteurs.


Faire le théâtre d'aujourd'hui avec les textes d'hier c'est le défi (et le plaisir) auquel tous les metteurs en scène sont confrontés. Le respect du « classicisme » n'est bien souvent que la nostalgie du passé pris pour référence.


Il ne s'agit pour moi ni de faire une reconstitution servile du théâtre des années cinquante, ni d'imposer une modernité plaquée, mais, en respectant la pensée de l'auteur, de trouver une manière d'allier la jubilation théâtrale à la profondeur du propos.

Jean-Paul Tribout

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