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Music-hall

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce
mise en scène Sophie Gazel

: Intentions de mise en scène

par Sophie Gazel

Ce qui motive mon intérêt pour ce texte c’est de pouvoir mettre en scène ce mystère qui est celui des artistes de la scène, prêts à tous les compromis et tous les sacrifices pour être ne serait- ce que quelques instants sur scène dans la lumière sous le regard d’autrui le public. Le public qui les rend à la vie, pas la vie quotidienne, celle de tous les jours, la vie ordinaire, celle de tout le monde, mais la vie que l’on invente tous les soirs quand le rideau se lève, celle qui nous rend meilleur ou pire que ce que nous sommes, celle qui nous rend enfin à notre humanité parce qu’elle raconte l’homme dans son intimité, dans sa petitesse et dans sa grandeur.
Les personnages de Music-hall sont pathétiques mais ils portent une parole, celle d’une foi dans le théâtre et d’un amour indéfectible pour lui.

S’ils sont drôles c’est parce qu’on ri nerveusement, fébrilement, face à la tragédie qui est la leur et qu’ils nous offrent sans pudeur. On ri parce que la pudeur cette fois-ci ne cache plus rien et se ri d’elle même, de cette humanité qui pour exister doit renoncer à ses rêves de reconnaissance, aux applaudissements, à la lumière, à la beauté, à l’harmonie.
La réalité des personnages de Music-hall est toute autre et c’est dans l’obscurité des lieux désastreux et minables, et bien souvent pour jouer « à la recette » ou « au chapeau » que ces artistes prennent la route. Chaque jour offre son lot de solitude et de désolation mais ils continuent à vouloir jouer, chanter et danser parce que « ça » ils savent le faire de façon extraordinaire et que « ça » leur permet d’oublier tout le reste.

Ce sont des artistes talentueux mais il faut un sol pour prendre son envol et des racines pour pouvoir les décoller et ce sont deux choses qu’ils n’ont pas ou qu’ils n’ont plus.
Le spectacle est beau, c’est le monde qui est pathétique et tragique.

La réalisation de cette mise en scène a un autre intérêt pour moi : c'est le challenge de mettre en scène le contraste entre un beau spectacle musical et la mise en scène et en espace d'un lieu misérable, contraste qui, à mes yeux, est l’essentiel du tragique de cette histoire.

Pour cela, je choisis de créer avec les artistes un spectacle musical de Tango et de Bolero qui par sa qualité viendra renforcer la nature même du drame : le spectacle est beau et le dysfonctionnement auquel assiste le public est celui de notre monde et non celui des artistes.
C’est celui de salles obscures qui n’ont pas les moyens bien souvent de répondre aux besoins techniques d’une production théâtrale. Ces lieux sans équipements, sans personnels et pour finir sans public.

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