Tout comme Nous, les héros et Le Voyage à La Haye, Music-hall contient des éléments autobiographiques. Entre ses lignes, les sentiments et pensées des personnages – en tant que comédiens – sont évoqués, leur vie entre hôtels et petites scènes. Malgré tous les revers, voire humiliations qu’ils subissent : parmi leur solitude et leur enthousiasme perdu, la fascination pour leur métier reste toujours palpable.

Ce qui m’intéresse, c’est la vulnérabilité des personnages, qui se heurte à la nécessité de résister aux aléas de la vie de tournée. Les plaies des personnages ne sont guère masquées sous une mince couche de fard.
Il en va de même pour le texte : vu de plus près – et surtout en entendant les non-dits – il en ressort le désir profond des personnages de sortir de leur triste réalité.
Les traits « impressionistes » du texte – quant aux sentiments et donc aux paroles des personnages – reflètent l’inconstance d’une vie vouée au théâtre. La fragmentation de leurs vies est soulignée par l’auteur aussi formalement : les personnages rajoutent des longues parenthèses dans leur propos et semblent passer du coq à l’âne.

Un des sujets primordiaux de la création devrait être le désir de célébrité ou, plus modestement, le simple désir de reconnaissance. Quels sont les mécanismes qui engendrent des vedettes ? D’où vient la fascination du public pour « la misère »? Le jeu avec les attentes du public – que l’auteur joue tout le long de la pièce, à commencer avec le titre – nous berce dans l’illusion : c’est « que » des comédiens qui nous racontent leur histoire qui, à son tour, va bientôt commencer. Il n’est point question de phantômes…

Vincent Kraupner