Dans un entrepôt, une nuit. Mickey est un homme d'aujourd'hui. Il travaille ici comme veilleur de nuit, à temps partiel. Le mardi soir seulement, pour être précis. Il considère ce travail comme une vocation, un talent personnel, et regrette de ne pas pouvoir l'exercer plus. Cette nuit-là, il est à son poste. On est lundi soir, pourtant, et l'entrepôt est vide. Et alors ? Ce soir-là, Mickey veut être à son poste. Après tout, veiller sur le vide aussi est important ! Ce soir-là, Mickey a besoin de faire le point : sur sa vie, sur ce qui le fonde, le motive, sur ses victoires et ses échecs, dont il s'est construit et relevé, et qui font de lui quelqu'un d'important à ses yeux.

Tout son temps laissé vacant, il le passe seul, à remplir sa vie avec ce qu'il imagine de celles des autres... La vie des Chinois, à l'autre bout de la terre, ou bien, plus près, celle de Lisbeth Riboulet, qui vit dans son immeuble et pour laquelle il cultive un sentiment particulier... Lisbeth lui plaît, mais il n'ose jamais vraiment s'approcher d'elle, il a des émotions qui lui jouent des tours. Il finit néanmoins par trouver le moyen de partager l'intimité de sa belle : la poubelle, remplie des détails de sa vie, qu'elle dépose, chaque matin, au pied de l'immeuble, et qu'il récupère, chaque matin, pour la disséquer, méthodiquement. Des trésors ainsi récoltés et de son imagination, il élabore une histoire d'amour idéale, dont il décide de jouir. Une sorte de passion méticuleuse, écrite par lui à partir de quelques débris, qui trouve sa place à côté de la vie réelle. Une idylle à laquelle il peut pleinement croire tant le désir, la tendresse, la colère, le sexe, la jalousie, la passion sont bien réels... jusqu'à imaginer le meurtre.