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Carmen.

François Gremaud ( Mise en scène ) , Luca Antignani ( Musique )


: Note d'intention

par François Gremaud

Mon intention est toute entière contenue dans ce titre. 


Bien sûr, on le devine, il sera question de Carmen, l’un des plus fameux et représentés des opéras comiques. 


Pourtant, bien que son principal sujet, il ne sera pas le véritable sujet de ce spectacle.


Ce dernier se cache sous le point - ici, final - ce signe de ponctuation qui, nous rappelle le grammairien Jacques Drillon, « lorsqu'il est employé après des phrases brèves acquiert un pouvoir exclamatif. Sur le point d'exclamation il a l'avantage de ne point exprimer ouvertement l'étonnement, l'admiration, l'incrédulité. Il prête ces sentiments au lecteur, condamné à s'émerveiller. Le point, dans de tels cas, n'exprime pas: il provoque. » 


Provoquer (du latin provocare, composé de pro- « devant » et vocare « appeler », donc « appeler devant », « faire venir », « faire naître quelque chose »), c’est ce qu’à sa création ont à la fois fait l’oeuvre et le personnage de Carmen : la première en excitant les passions dans la salle, la seconde en enflammant les coeurs sur la scène ; l’une en bravant les codes en vigueur, l’autre en défiant – en même temps que les hommes et son propre destin – les moeurs de son temps. 


Comble de la provocation ? Carmen le chante :


« Libre elle est née, et libre elle mourra. »


Si la liberté du personnage provoque le scandale, celle d’interprète de Rosemary Standley suscite « sans exprimer ouvertement l'étonnement, l’admiration ou l’incrédulité » un émerveillement auquel – pour continuer à paraphraser Jacques Drillon – « elle nous condamne ». 


Mon ambition est – une nouvelle fois – de mettre en partage avec les spectatrices et spectateurs, par le biais d’une oratrice évoquant les différentes facettes du plus célèbre des opéras comiques (la fable qu’il raconte, son esthétique musicale et textuelle, le contexte historique de sa création, etc.), l’émerveillement que peuvent provoquer ces arts que l’on dit vivants et qui, envers et contre tout, ne cessent de célébrer la joie profonde d’être au monde. 


Ainsi, comme dans Phèdre ! et Giselle…, deux premiers volets de cette trilogie qui s’achève ici, il sera dans Carmen. – malgré l’issue tragique de l’opéra de Bizet – question de joie, cette « force majeure » dont « le privilège est de savoir triompher de la pire des peines » comme le résume formidablement le philosophe Clément Rosset. 

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