LA COMMANDE D’AUTEUR

Rassembler dans un même temps l’art d’un auteur dramatique et la scène, constitue un véritable sens, une force. C’est justement de ce côté-là, c’est-à-dire, en créant les conditions d’écriture en étroite relation avec les acteurs et le plateau en général que peut s’opérer pleinement la puissance du travail de la représentation.

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LA PIÈCE

René Barrère, 65 ans, baron d’industrie bien connu des milieux politiques, a convoqué ses plus anciens et fidèles amis, ses « vieilles mouettes ». Ils ignorent tout de l’objet de cette curieuse réunion mais bien vite, ils vont comprendre… Une réflexion sur la valeur de l’Etre et de l’argent...

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IMPRESSIONS PREMIÈRES

Notes en vrac de la première lecture « à voix basse » …

Dans « Les vieilles mouettes », Christian Rullier est en quelque sorte le « chroniqueur » de notre histoire contemporaine. La part de documentation (même déguisée), dans l’écriture théâtrale est importante. La présence de ce matériau a pour fonction de peindre un monde en voie de déshumanisation au cœur duquel se situe l’Homme et contre lequel rien ne résiste.

Le théâtre de Rullier rejette tout psychologisme et privilégie la langue dont s’emparent à pleines dents les personnages. L’écriture se déploie dans une langue désaffectée, gorgée de fractions et pourcentages, de fusions et stratégies financières avec un sens du rythme et de la répartie qui en font son suc si particulier. Cette comédie nous ouvre sur un monde terrifiant. C’est une sorte d’éloge de « l’horreur économique » et l’effroi nous atteint d’autant mieux que l’éloge se fait directement par la dérision.

Elle annonce un réel possible qui risque fort d’apparaître si nous ne sommes pas vigilants… Cette fiction « documentarisée » s’adresse à nous tous devant l’avenir, elle dynamise l’imagination et la raison, deux composantes essentielles pour prolonger la réflexion après la représentation.

Christian Rullier est un « pessimiste ludique » qui ne peut pourtant se débarrasser de cette terrifiante idée de l’espoir. Il y a une vie très intense à l’intérieur des mots, un monde invraisemblable en ébullition comme une nécessité d’espérance qui le dépasse. Une écriture roborative en éruption.

C’est du théâtre brut de décoffrage, une fiction comique qui se moque du bon goût pour mieux porter à l’humour noir la vision sombre du monde contemporain.

Toulouse, le 26 septembre 2006

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IMPRESSIONS NOUVELLES

Notes en vrac des répétitions à mi-chemin du parcours…

L’équipe de création ne s’est pas simplement constituée autour d’une distribution idéale indiquée par le synopsis qui est l’esquisse du texte en devenir. Elle rassemble des personnalités artistiques qui, par leurs histoires singulières dans le théâtre, constituent en quelque sorte des « Alliés substantiels » selon l’expression du poète René Char. Des compagnons de route exigeants et excessifs, comiques et salutaires.

On rit souvent sur fond d’idées noires. La légèreté des acteurs s’impose sur la gravité des choses. Parfois la répétition se suspend, les regards s’assombrissent,. Les réalités des « Vieilles Mouettes » prennent le dessus. Puis tout à coup, ça repart ! Le plateau s’anime. Des mots, des comportements étonnants, incongrus, des gestuelles étranges, des silhouettes, des voix se façonnent dynamiquement dans la boite noire du théâtre, entre laisser-aller et vouloir-faire.

La machine à fiction est déjà là, en mouvement. Trouver une forme, un phrasé généreux, accueillant pour comprendre. Le moteur de la fiction est lié à l’apparition de la langue. Sa manducation syncopée, musicale, partitionnée, surgit dans l’alternance des répliques fulgurantes. Parfois la machine à jouer se fige, le temps d’une « occupation de pensée » avant qu’elle reparte de plus belle…

Les Cabannes, le 29 janvier 2007