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Les Poissons ne posent pas de questions

+ d'infos sur le texte de Julie Pichavant
mise en scène Julie Pichavant

: Notes de l'auteur

Les poissons ne posent pas de questions est mon troisième texte porté à la scène inspiré d’un fait divers publié dans le Monde du 13 aout 2012. Ces brèves lignes découvertes dans l’avion qui m’emmenait en Amérique latine pour mon travail, sont le point de départ d’une enquête, d’une réflexion sur la tragédie des migrants. La plage où a été retrouvé le corps de cette jeune femme, je la connais, c’est celle de mon enfance.


Comme un écho au Syndrome Marilyn, cette autofiction écrite à la fois sur le continent Européen et Latino-américain autopsie une tragédie. Une femme européenne s’envole dans un Airbus A330-200 direction Rio de Janeiro, poursuivant un rêve de carnaval, quittant le froid de son existence du Nord de la France et du carnaval de Dunkerque pour l’ensoleillé Brésil. Ce rêve de Samba entrainera le personnage dans une danse macabre, pour se libérer de ses propres chaînes. Entre cette migrante qui meurt pour survivre et cette européenne asphyxiée par sa vie, le spectacle trace une trajectoire tentant de relier deux pôles extrêmes, deux trajectoires opposées qui s’unissent dans une même voix : un chant de mort, pour faire éclater la vie.


Gilles Deleuze pensait qu’il existe un cri philosophique, que ces cris philosophiques sont comme les cris des poissons. Si vous n’entendez pas le cri des poissons, vous ne savez pas ce que c’est que la vie.


Le spectacle raconte ce chant effroyable poussé par tous ces êtres engloutis dans la Manche, dans la Méditerranée, dans l’océan Atlantique, véritable fosse commune; un chant remontant à la surface, un cri qui raconterait l’histoire des disparus. Les poissons ne posent pas de questions essaye de donner un visage à la catastrophe. Le fait divers s’institue tragédie. Tragédie des migrants de Lampedusa, Calais, des Canaries, du canal de Sicile. Qui était cette femme? Noyée dans la manche, dans la Méditerranée, dans l’océan Atlantique, un corps sans identité, disparue à jamais. Elle n’ a pas embarqué sur un navire de fortune ou un camion, elle a choisit de faire la traversée à la nage. Une fois sa traversée terminée, elle aurait ôté sa combinaison, déplié sa robe à fleur, mis ses chaussures, gardé la boussole en souvenir, et serait partie dans l’horizon.

Julie Pichavant

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