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Accueil de « Les Deux Frères et les Lions »

: Extrait

LE CADET – Nos deux filles hériteront de tout notre empire, de l’île, du château.


LA SPECIALISTE DU DROIT NORMAND – (Qui le coupe) Impossible !


L’AINE – Comment ça impossible ?


LE CADET – Qui parle ?


LA SPECIALISTE DU DROIT NORMAND – Vos filles n’hériteront ni du château, ni de l’île, ni de tout ce qui va avec !


LE CADET – (Qui la coupe) Vous êtes qui ? Vous savez que je tutoie Elizabeth II.


L’AINE – Nous sommes des Lords et la reine nous kiffe !


LA SPECIALISTE DU DROIT NORMAND – (Qui les coupe) Peut-être, mais là où vous vous êtes installés, cette île de Breqhou, là où vous avez construit votre château, eh bien ce caillou battu par les flots dépend de l’île de Sercq, située dans le baillage de Guernesey, qui est encore régi par ce qu’on appelle le droit normand.


L’AINE ET LE CADET– (Ensemble) Le quoi ?


LA SPECIALISTE DU DROIT NORMAND – Le droit normand, la loi qui gouverne le dernier système féodal du monde occidental et la vie des six cents habitants de l’île de Sercq.
Un droit né au Xe siècle avec le duché de Normandie, dont dépendaient alors les baillages de Jersey et Guernesey.
Un droit qui privilégie la transmission du patrimoine familial aux hommes, qui, seuls, transmettent le nom. Les filles, qu’elles soient nobles ou roturières, sont exclues de la succession de leurs parents.


LE CADET – Qu’est-ce que c’est que ces conneries !
(À son frère) Appelle immédiatement Milton and Davis, c’est le meilleur cabinet d’avocats de New-York et nos filles hériteront !


L’AINE – (Au téléphone) Allo Davis ? oui, c’est moi, alors ?... quoi !... comment ça, on peut rien faire ! C’est la loi ! Mais j’emmerde la loi ! J’ai passé ma vie à la contourner, à l’acheter ou à la changer, la loi. La loi, c’est moi !... Ecoutez Davis, y-a toujours un moyen, vous avez carte blanche et n’hésitez pas à sortir les billets, c’est clair ! Et la reine ?...
(À son frère) Elle ne peut pas lui retirer ses privilèges, impossible de faire pression sur le seigneur de Sercq !


LE CADET – Le seigneur de Sercq ! Mais les seigneurs, c’est nous ! Les hôtels, les restaurants, les pubs qu’il y a sur l’île, c’est nous. Le supermarché, les boutiques, c’est encore nous, la moitié des habitants de cette foutue île vivent grâce à nous, ce sont nos serfs !
(À son frère) Passe le moi ! (Au téléphone) Tu te débrouilles Davis, tu trouves la faille, mais on va pas se laisser emmerder par des gens qui vivent encore au moyenâge


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