: Présentation
Note d’intention
Le sport est une langue. Il existe des mots que l’on ne prononce que dans le peloton ou sur la cendrée, des répliques de vestiaire, des tirades de banc de touche, des silences d’escalade. Ce sont autant de langues techniques mais aussi d’argots secrets qui scellent l’appartenance de l’athlète à son monde. Mais le sport est aussi une langue qui ne se parle pas. Regardez l’athlète à la télévision, après l’effort, après la victoire, après la défaite : il parle un langage de masque fait de phrases automatiques, apprises par coeur et répétées à loisir pour cacher l’essentiel, pour garder au secret cette langue du corps qui est son vrai langage et qui est frappée d’interdit. Les jambes oui, la tête non.
Les athlètes dans leur tête brise ce silence. Les sportifs y parlent de choses
simples : l’échec, le vieillissement, les limites de soi, le plaisir de l’effort, le
bonheur d’un coup de vent, l’inacceptable puissance de l’autre. Ce qu’ils
disent est singulier car les athlètes sont des gens singuliers ; dans un monde
où personne ne veut être jugé ou pesé, ils demandent à être classés, battus,
archibattus et ils demandent cela au nom d’une minute de gloire qui ne
viendra le plus souvent jamais et qui, si elle vient, sera la plus terrible
machine à fabriquer de l’angoisse que l’homme puisse imaginer.
Ce qu’ils ont à dire est irrémédiablement tragique et il n’y a que la drôler
dérision qui puisse les faire sauter encore plus haut. C’est à ces mots-là
qu’André Dussollier va redonner muscle et voix. Il sait ce que sport veut
dire et il sera tous les sportifs à la fois, toutes les langues sur la même
scène.
C’est la seconde fois que le théâtre s’empare de mes nouvelles. La première
fois, c’étaient Les grosses rêveuses que Stéphane Müh avait incarnées et je
garde le souvenir stupéfait et ébloui du soir où j’ai vu venir à moi mes
personnages, du fond du décor, sortis de l’obscurité ambiguë où je les tenais.
Si Les athlètes pouvaient donner aux spectateurs cette qualité d’émotion
théâtrale, je serais un auteur comblé. La balle est maintenant dans le camp
d’André Dussollier.
Paul Fournel
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.