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Les Sept jours de Simon Labrosse

mise en scène Claude Viala

: Pourquoi mettre en scène Les Sept Jours de Simon Labrosse ?

Carole Fréchette est une auteure contemporaine, et ce n'est pas un vain mot : elle parle très précisément d'aujourd'hui. J’ai commencé à défricher ce texte avec des jeunes adultes sans emploi, leur compréhension immédiate des personnages et des situations et l’engagement qui en a résulté a été une source d’enrichissement mutuel.


Après L’Espèce Humaine, Les Sept Jours de Simon Labrosse se sont imposés à moi trouvant à la fois un écho à l’analyse lucide faite par Robert Antelme sur un monde sans lois où le travail est un instrument de torture et de meurtre et ce glissement dans notre monde d’aujourd’hui où l’absence de travail équivaut souvent à la négation de l’individu.


Simon Labrosse « actuellement sans emploi, travaille très fort pour s'en sortir ». Il rappelle par sa quête les personnages burlesques des débuts du parlant, toujours en butte à un monde hostile, qu'ils tentent vainement de déchiffrer. Ils prennent tous les coups sans jamais s'avouer vaincus.


Plein de bonne volonté et animé des meilleures intentions, il pose sur le monde qui l'entoure un regard innocent qui agit comme un révélateur ; sous l'image positive d'une des plus riches civilisations, du moins en biens de consommation, surgit la négative : manque d'amour, brutalités, solitudes, pauvreté du langage et incapacité à formuler une pensée.


Malgré la lutte fébrile qu'il mène, « aidé » de ses compagnons aussi maladroits que lui pour reprendre pied, la réalité lui échappe sans cesse et les immenses efforts comiques qu’ils déploient pour contrôler ce quotidien qui dérape, laissent cependant apparaître le vide de ces existences angoissées.


Vide que chacun tente de colmater de manière dérisoire : Léo, victime de la chute d'une brique précisément à l'endroit du cortex où se forment les mots positifs écrits des poèmes aussi détruits que lui ; Nathalie, obsédée par son intérieur et ses organes, se réfugie dans les images échographiques de son pancréas.


Telle est « la petite musique » de Simon Labrosse.


Trois éléments ont servi de point de départ à notre travail.
Le spectacle s’invente au fur et à mesure de son déroulement. Le temps de la pièce c’est le temps partagé avec le public, Simon et ses compagnons imaginent un spectacle en direct, tâtonnent, improvisent avec maladresse mais avec ferveur. Simon ne dispose que du temps de la représentation pour se mettre sur le marché, vanter ses mérites, faire preuve de son efficacité et, parfois, se brader.


Les 7 jours de Simon Labrosse, c’est l’art du rebondissement permanent.
Nous voulons accompagner cette virtuosité de l’écriture par une virtuosité des acteurs: Ils passent d’un monde à l’autre, d’un espace à l’autre, d’un artifice de théâtre à l’autre. (Léo et Nathalie jouent dans la vie de Simon des personnages différents), il faudra faire vite pour changer à vue des élément de costume.
Chaque séquence de la vie de Simon sera annoncée par un jingle composé par Sanseverino et joué en direct par les acteurs.
Ils disposeront d’une série d’instruments : guitares électriques, percussions, un ou deux micro-chant reliés à des pédales loop pour faire des boucles de chant et de bruitages vocaux.
En résumé de quoi faire de la musique électro-punk sans avoir été au conservatoire avant. L’espace scénique est un lieu de représentation mis à la disposition de Simon pour un temps très court.(le décompte électronique est présent sur le plateau). Cette contrainte va intensifier la tension entre la poésie des personnages et la dimension publicitaire et commerciale de la « performance » de Simon et ses acolytes.
Au-dessus du plateau, sont suspendus, toujours à vue, des accessoires et des objets. Les acteurs devront les descendre et les remonter au fur et à mesure du déroulement des scènes, accentuant ainsi leur virtuosité jusqu’à l’explosion de Léo.


Simon est-il vaincu ?
Faut-il lui donner tort ou raison ?
Impossible de le dire.
A la fin, cependant, il se repose, sans s’avouer anéanti et on sait déjà, il nous le dit, qu’il recommencera, demain, avec un nouveau public.
Est-ce une leçon de courage ? d’aveuglement ?
L’espoir peut-il prendre une autre forme que celle d’un slogan publicitaire ?

Claude Viala

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