theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Les Sept jours de Simon Labrosse »

Les Sept jours de Simon Labrosse

mise en scène Claude Viala

: Simon Labrosse aujourd’hui

J’ai commencé à écrire Les Sept Jours de Simon Labrosse en 1993, alors que le Canada était plongé dans une grave récession. Partout dans les médias, on ne parlait que de chômage galopant et on faisait le portrait des « nouveaux pauvres », ces professionnels scolarisés et compétents qui se trouvaient tout à coup exclus du marché du travail. Il fallait désormais, disait-on, pour se tailler une place dans la vie active, faire preuve d’imagination et créer son propre emploi.
Cette même année 1993, j’ai pris la décision de quitter mon travail pour me consacrer à l’écriture. Une geste bien téméraire, pour une auteure qui n’avait eu jusqu’alors qu’une seule pièce produite; c’est en tout cas ce que me disaient plein de gens, et c’est ce que je pensais moi-même au cours des nombreuses nuits d’insomnie qui ont précédé ma décision.
Les Sept Jours de Simon Labrosse provient de la rencontre de ces deux réalités : les soubresauts économiques de ma société et ma propre angoisse de ne pas arriver à me faire entendre comme auteure (et, subsidiairement, à ne pas pouvoir payer mon loyer..). Vivement interpellée par la situation sociale du moment, j’avais envie d’un texte sur l’ici et maintenant qui fasse écho à ce que je lisais quotidiennement dans les journaux.
De toutes mes pièces, Les Sept jours de Simon Labrosse est la seule que j’ai crue liée à une conjoncture précise, celle de la mini crise économique du début des années quatre-vingt-dix, telle qu’elle se vivait dans mon coin de l’Amérique du Nord. Depuis, la pièce a été jouée au Québec, au Canada anglais , en France, en Belgique, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en Hongrie, en Roumanie, au Sénégal, en Italie, au Portugal, dans des contextes sociaux et économiques extrêmement variables. Et toujours on m’a dit : cette pièce parle de nous, ici et maintenant. Il est vrai que, malgré certaines fluctuations de surface - taux de chômage plus ou moins élevé, indices économiques plus ou moins favorables – il demeure toujours aussi difficile de se tailler une place dans l’univers du travail, où règne une compétition plus féroce que jamais.
Mais je crois que si la pièce continue de vibrer aujourd’hui, c’est que l’angoisse de son protagoniste déborde toutes les conjonctures. C’est un sens à sa vie que cherche Simon Labrosse à travers tous ses métiers improbables, et avec ses terribles partenaires de jeu, il se frappe aux difficultés du partage et prend la mesure de sa solitude.
Également, à travers le spectacle improvisé que les trois compères offrent au public, ma propre réflexion sur mon métier continue de tinter en sourdine. Sans être artiste lui-même, Simon fait le pari que font chaque jour tous les auteurs et les créateurs : que le récit de leur vie « ordinaire et ennuyante » peut intéresser de purs inconnus, et, subsidiairement, peut leur permettre de payer leur loyer….
Ces motifs sous-jacents, ceux de la quête de sens, de la recherche de l’autre, de l’amour idéalisé, du besoin d’espoir, entrelacés à la réflexion sur l’art du théâtre, sont aussi vivants en moi qu’il y a 15 ans.
C’est pourquoi je me réjouis de les voir bientôt réinterprétés par l’équipe de Aberratio Mentalis, dont le projet aborde ces différentes couches de sens avec une sensibilité toute actuelle.

Carole Fréchette

06 novembre 2007

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.