C’est depuis la place que Dora occupe dans Les névroses sexuelles de nos parents que la mise en scène va s’articuler.

A la différence du personnage de Dora, - singulier et unique -, les 6 autres protagonistes ne sont distincts ni dans leurs discours ni dans leurs désirs. Dora va même les confondre en ne mesurant pas de limite dans ses désirs quand elle se déshabille chez le médecin sans qu’il le lui demande, quand elle tente de séduire son père en l’appelant « joli garçon » ou encore quand elle surprend l’épicier en l’embrassant de manière compulsive. Ses désirs transcendent les personnages qui tous, à un moment ou à un autre, figurent pour elle, l’amant.

De même, les discours de la mère, du père, de l’épicier, du médecin, jusqu’à celui de l’amant, convergent pour finalement aboutir à une unanimité effrayante dans la décision de stériliser Dora.

C’est dans cette logique que les 6 personnages entourant Dora, - mère, père, médecin, amant, épicier, mère de l’épicier -, sont incarnés par trois acteurs devenus « interchangeables » : la superposition de plusieurs rôles pour un seul acteur crée progressivement un flottement, introduit un glissement des repères et des fonctions assignées à chaque personnage ; traduction d’un désir indifférencié et multiplié de Dora. D’un rôle à l’autre, les changements de costumes se fera à vue pour introduire un mouvement secret et parallèle au trajet de la pièce : le même acteur endosse plusieurs rôles, et ce faisant, les repères pour Dora s’estompent peu à peu. L’intuition d’une conspiration apparaît.

Les névroses sexuelles de nos parents s’arrêtent là où commence l’anormalité de Dora. La sexualité à vue de Dora crée un désordre pour les autres personnages « sexuellement normés » : la décision de la stériliser est leur triomphe.