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La Petite dans la forêt profonde

+ d'infos sur le texte de Philippe Minyana
mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

: Philippe Minyana, entretien

Pourquoi écrire ?


L’écriture est devenue pour moi un métier. Au départ, j’étais un homme de théâtre, au sens où il m’arrivait d’être acteur, metteur en scène ou directeur d’acteurs. Or avec l’âge, j’ai de plus en plus l’impression d’être, non plus un homme de théâtre, mais un écrivain de théâtre. Car écrire est devenu pour moi la tentative d’un laboratoire permanent. Et la table où j’écris se fait le lieu et l’enjeu de cette tentation. J’ai une façon d’écrire assez particulière. J’écris tout d’abord à la main. Et puis je m’imbibe de toutes sortes de lectures : théâtre, romans, policiers. J’entasse, je m’approvisionne d’une série de noms propres, de patronymes, que je relève dans des calepins, et qui me servent ensuite d’embrayeurs, dans mon travail. En somme, mes deux passions, qui sont la lecture et l’écriture, se rejoignent en une symbiose intéressante grâce au théâtre. Je consacre les trois quarts de mon temps à lire, je maintiens, du coup, en permanence l’énergie de l’écriture à partir du souvenir morcelé de mes lectures.


Le théâtre est-il toujours vivant ?


Le théâtre est plus que jamais vivant parce que, même si on déteste ses rituels, son snobisme, ses codes, il reste un acte subversif, violent, émotionnel. Cet art est le lieu par excellence où des gens s’exposent, proposent quelque chose, travaillent. Je pense qu’il y aura toujours une représentation, vivante car humaine, du monde par le théâtre. Le corps de l’acteur est le point à la fois de départ et d’arrivée de mon écriture. Et même si actuellement mes formes s’ouvrent à un curieux paysage métissé, à la croisée du théâtre, de la nouvelle et de la poésie, mes écrits sont toujours destinés à être dits et représentés. C’est donc parce que le théâtre repose sur du vivant, que j’écris.


Etes-vous plutôt « famille je vous hais » ou « famille je vous aime » ?


Je ne suis ni l’un ni l’autre. Je n’ai plus l’âge de dire « famille je vous hais ». Gide écrit cette phrase dans Les Nourritures terrestres, et c’est une phrase de jeune homme, ce que je ne suis plus. La famille est un formidable creuset pour l’écrit, c’est là où l’homme est représenté dans sa plus grande complexité. On convoque souvent la famille au théâtre, deux lieux de la collision, de l’amour, de la mauvaise foi. Or la famille est l’origine même, dans ce qu’elle engendre de drames et d’erreurs possibles. Mais si la famille est si fortement présente dans mon théâtre, c’est sans doute aussi par les espaces auxquels elle est souvent associée. Le couloir, les chambres, les fenêtres, ouvertes ou fermées. Les volets. C’est dans ce lieu de l’intime et du familier que peut naître ce que l’on pourrait nommer « le théâtre de l’incident ». Enfin, la famille est un thème éminemment littéraire, et pour moi le théâtre est avant tout littérature.


Interview de Philippe Minyana, in La Famille,
collection les Petites Formes de la Comédie-Francaise, L’Avant-scène théâtre.

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