Ça passe ou ça casse ? Faut-il détruire pour reconstruire ? Mais qui détruit et qui reconstruit ? Qui sont les êtres pris au coeur de ces mouvements de destruction et de reconstruction ? Que veut dire habiter et vivre dans un espace sur le point de disparaître ? En sursis, en attente ? Squats, maisons en ruines, logements vides, entrepôts déserts, ces lieux où se jouent architecturalement et symboliquement le passage d’une époque à une autre ? Dans Les enfants atomiques, je souhaite ainsi travailler sur les questions soulevées par une certaine jeunesse qui investit aujourd’hui dans les capitales européennes des espaces en voie de destruction, pour y construire des lieux de vies, d’échanges, de politique, d’art et de théâtre où se jouent les contradictions et les espoirs, les peurs et les violences de notre époque. Comment je m’approprie le monde ? Comment je participe ? Et à quoi ? Qu’est-ce que j’accepte ? Qu’est-ce que je refuse ? Qu’est-ce que je risque ? Qu’est-ce que je dois risquer ? Comment je pars pour me chercher dans les autres ? Comment je me trouve et je me perds ? Comment je me transforme ? D’où est-ce que je viens ? Quel est mon héritage ? Le familial mais également celui du monde d’hier, du siècle d’avant ? De quoi est-ce que j’hérite ? Quelles problématiques ? Quelles contradictions ? Pourquoi ai-je si souvent l’impression que cela ne me concerne pas ? Est-ce que cela me concerne ? Questions d’adolescence si l’on veut, si l’adolescence est cet état – plus que cet âge – ce sursaut viscéral qui a en commun avec la révolte de laisser battante, vibrante, l’ouverture, la joie et l’appel de l’avenir, qui se bat contre elle-même, s’excède, se cherche, s’invente en luttant contre sa propre résignation, son propre désenchantement.

Samuel Gallet