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Les (Dés)hérithiers

+ d'infos sur le texte de Branislav Nusic traduit par Sacha Petronijevic
mise en scène Ned Grujic

: Entretien avec Ned Grujic

Propos recueillis par Flavien Boiret pour le Théâtre 13

Bien qu’il soit traduit et joué dans de nombreux pays, le théâtre de Branislav Nusic est inconnu en France. Serbe d’origine, il était presque évident que vous proposeriez un jour un projet ici à Paris. Pourquoi avoir choisi cette pièce en particulier ?


J’ai toujours été fasciné par les textes classiques de quelque pays que ce soit, car ils représentent une identité, un bagage culturel et une véritable référence pour les contemporains que nous sommes. Après avoir mis en scène Beaumarchais, Rostand, Dickens, Golding et Shakespeare, j’avais donc envie, pour ma première pièce serbe, de faire découvrir l’un des plus grands auteurs dits « classiques » du répertoire slave, considéré comme le Molière serbe. Le choix de cette pièce s’est particulièrement imposé par son sujet universel, un thème qui nous concerne tous à un moment donné de notre existence, que nous soyons témoin ou victime de ce genre de situation.



Le thème des (Dés)Héritiers parce que satirique, a souvent été utilisé au théâtre comme à l’opéra, mais également au cinéma. Votre spectacle en a-t-il subi les influences et si oui, quelles références vont venir l’irriguer?


Les (Dés)Héritiers est peut-être la pièce la plus « latine » de son auteur. Même si le tempérament balkanique y règne sans ambigüité et qu’on peut y retrouver l’excès d’un Emir Kusturica (un réalisateur de référence pour moi), je ne peux m’empêcher de penser à l’esprit italien, que l’on retrouve à la fois dans le théâtre de Goldoni, dans l’opéra « Gianni Schicchi » de Puccini et dans le cinéma italien, celui d’Ettore Scola et de Dino Risi en particulier. Le souvenir de films comme « Les Monstres » ou « Affreux, sales et méchants » m’a accompagné au cours des répétitions pour faire ressortir la comédie de mœurs, à la fois sociale et satirique, que propose la pièce.



Vos liens avec les Balkans ont déjà été portés au plateau comme dans votre récente adaptation de Roméo et Juliette de Shakespeare. Outre l’accompagnement musical qui permettra de retrouver « Les yeux noirs », comment allez vous traiter l’esprit « balkanique » du point de visuel dans les (Des)Héritiers ?


Je n’ai pas cherché à rendre un esprit particulièrement balkanique dans l’univers visuel que nous avons choisi de traiter avec ma scénographe Danièle Rozier. Il s’agissait de procéder par touches évocatrices : un élément dans certains costumes, des références subtiles dans les accessoires, mais rien de très ostentatoire pour éviter un aspect folklorique qui minimiserait l’universalité de la pièce et risquerait d’éloigner le spectateur d’un rapport direct aux personnages. C’est en effet la musique des « Yeux Noirs » qui sera le garant « balkanique » du spectacle car dans les pays de l’Est, la musique fait partie de l’air qu’on respire…



L’équipe que vous avez choisi de réunir autour de vous est presqu’exclusivement constituée de comédiens originaires des Balkans ? Etait-ce pour vous une condition indispensable pour donner vie à ce projet ?


C’était le fondement même du projet : une aventure née de rencontres entre des artistes franco-slaves ayant envie de retrouver leurs origines sur scène à travers une pièce qui fasse appel à leurs racines. Il est vrai que les tempéraments slaves sont des serviteurs tout indiqués lorsque l’on monte ce type de textes. Mais nous avons la chance d’avoir été également suivis par des comédiens français qui apportent un contrepoint indispensable à la richesse de la représentation. Chacun se nourrit de l’autre, et c’est bien ce mélange franco-slave qui donne sa singularité et son originalité à ce spectacle de troupe.



Fidèle à vos habitudes, vous êtes l’un des rares metteurs en scène de votre génération à alterner spectacles à gros budgets et projets plus modestes, théâtre privé et public, spectacles musicaux et théâtraux. Comment parvenez-vous à cet équilibre, là où tant d’autres échouent ?


Je pense que j’ai toujours été sincère dans mes choix, curieux et passionné par les rencontres artistiques que ce métier pouvait m’offrir. J’ai eu une importante formation théâtrale et, très jeune, une solide éducation musicale. J’ai pu ainsi aborder de nombreux registres sur scène, du théâtre à l’opéra en passant par la comédie musicale. Je suis avant tout un « raconteur d’histoires », et la diversité des moyens artistiques est si riche que je me plais à explorer toutes les formes qui m’interpellent. J’ai la chance que des producteurs importants s’adressent à moi pour des projets d’envergure, que de formidables directeurs et directrices de théâtre comme Colette Nucci me soutiennent dans mes projets plus personnels, et que l’ensemble de la profession accepte cette diversité qui, je crois, fait ma spécificité. Je me définis comme un metteur en scène à « l’anglo-saxonne », sans étiquette et sans frontières…

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