: La Pièce
Papa, maman, leur petite Zénobie, la bonne. Un petit appartement avec bibelots et
buffet Henri II. Voilà qui ne promet guère l’aventure.
Seulement voilà : il y a le schmürz ; c’est un homme qui vit avec eux, assis dans un coin.
Son rôle ? Recevoir des coups en silence. Papa et maman s’en donnent à cœur joie ; la
bonne frappe de temps en temps, un peu à contre-cœur. Zénobie s’y refuse, cherche à
entrer en contact avec lui. Rien à faire.
Il y a aussi le Bruit : la rumeur qui, de temps à autre, monte dans l’escalier. Aussitôt, la
famille effrayée déménage à l’étage au-dessus. Mais l’appartement est toujours plus
petit. Jusqu’où cela ira-t-il ?
Dans la dernière pièce de Boris Vian, on trouve à la fois les merveilles du théâtre de
l’absurde – avec les jeux sur le langage, l’alliance entre cocasse et cruauté – et une
représentation de l’oppression.
Qui est le schmürz ? Quel est cet être à qui la société bourgeoise fait violence sans le
voir ? Dans la France de 1957-1959, et en pleine guerre d’Algérie, on ne peut s’empêcher
de penser à la figure du travailleur immigré.
Les Bâtisseurs d’empire ou Le Schmürz, Boris Vian, éd. De L’Arche.
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