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Le Nom

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Christian Colin

: La mise en scène

Christian Colin

Je cherche une écriture simple et concrète et j'espère toucher en même temps aux grandes questions de la vie.
Jon Fosse


Comme dans toutes ses pièces, Fosse affirme dans Le Nom un minimalisme extrême - les "mouvements" des personnages sont presque effacés. Fosse est surtout un maître du silence, mais sans didactisme. Le Nom ne parle pas du problème sociologique de l'incapacité de communiquer, mais plutôt de l'incommunicabilité de l'essence humaine. C'est une tragédie silencieuse dans laquelle la langue ne sert plus à exprimer des pensées ou à formuler une demande. La parole devient au contraire une sorte de consolation de l'inutilité de vivre, d'agir et de comprendre.
Ce qui importe a Fosse, c'est "la forme parfaite". Il recherche une langue simple et artistique en même temps, mais il s'attache aussi a composer un rythme précis de parole et de silence. Toutes ses pièces ont quelque chose de diabolique, de sombre et de mystérieux, mais (comme chez Beckett ou Bernhard) elles ont aussi des moments comiques et empreints d'ironie.


Il s'agit de mettre en valeur ces éléments paradoxaux. La mise en scène ne se dirigera pas vers un naturalisme mais vers un réalisme poétique, vers une description de la vie d'une grande authenticité, traitant les thèmes du texte avec délicatesse : les désirs non-exprimés de la fille, l'angoisse profonde du garçon, la douleur terrible de la mère, l'insomnie du père, la mélancolie de Bjarne, mais aussi les aspects comiques de la famille et de la vie en général. C'est dans l'interprétation de ces sujets qu'on va pouvoir explorer les dessous de ce théâtre du silence.


L'espace scénique


À partir de la dramaturgie non-résolue de Fosse, nous avons choisi une scène ouverte : un espace plastique simple et concret en même temps, comme l'écriture de Jon Fosse. Dès le début, on a le sentiment que l'histoire a déjà eu lieu. La scénographie décrit un lieu mental et fragmenté, qui offre à la mémoire la possibilité de se promener et met en même temps l'art lui-même en question.
Comme la question de l'intérieur et de l'extérieur est un élément important dans l'écriture de Fosse, la scénographie respecte cette différence dans l'unité du lieu. Il s'agit d'un espace où les objets sont isolés dans l'ensemble, une installation pour créer des images fortes autour des thèmes obsessionnels de Jon Fosse : le canapé, la pluie, la nature, l'art, la maison, la photo…
Dans le fond du décor : une toile blanche derrière laquelle on voit à la fin une image de mémoire : un paysage noir et blanc sous la pluie, animé par des enfants jouant avec des images effacées qui peuvent (peut-être) faire penser à une toile du peintre Lars Herterving, artiste admiré par Jon Fosse et protagoniste de son roman Melancholia, un des plus célèbres peintres norvégiens, qui a exprimé un romantisme nordique de la nature en peignant des images aussi "silencieuses" que les textes de Jon Fosse.


La musique


La musique est quelque chose de très important pour moi. Je suis tout le temps à la recherche du rythme de ma langue. Ca s'exprime dans le mouvement en cercle de mes pièces.
Jon Fosse


D'après Fosse, écrire est un acte musical plutôt qu'un acte intellectuel. "L'homme de la guitare" est le titre d'une autre pièce. Pendant sa jeunesse, Fosse a travaillé la guitare de manière obsessionnelle et quand il a commencé à écrire, il a transposé son rapport musical à la langue. Ecrivant face à la mer, il s'intéresse surtout au son, à la compréhension par le sentiment et surtout par le rythme de la langue. Influencé par des écrivains comme Rilke, Trakl et surtout Thomas Bernhard, il traite les phrases clés comme un leitmotiv dans une œuvre musicale : des éternelles répétitions qui font une ronde.
À partir de cette particularité dans l'œuvre de Fosse, Peter Kowald, contrebassiste et star du free-jazz, donnera une écoute au rythme musical du Nom. Il ne s'agit pas de remplir le silence mais au contraire de faire entendre le non-dit. Chaque soir Peter Kowald cherchera en direct dans ses improvisations une nouvelle interprétation musicale de la partition "fosséenne".

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