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Le Silence des communistes

mise en scène Michel Belletante

: Note d’intention

Que s’est-il passé pour que les communistes soient effectivement aussi silencieux. Que reste-t-il de ce grand mouvement qui a porté tant d’espoir au sein du peuple ?


Chaque fois que l’on aborde cette question on ne traite l’histoire que sous un seul angle, on n’engage la mémoire que sur une seule voie : celle de la terreur et du goulag, pour expliquer ce silence. Pourtant sans chercher à cacher les horreurs du passé on ne peut pas se contenter de cette seule explication de l’échec du communisme et de la survivance de cet anticommunisme viscéral qui sévit encore sur la base d’images et de représentations très orientées.


Peut-être est-il temps de s’interroger sur cette mémoire qu’on nous donne à juger. Et plus précisément sur les instruments qui organisent cette mémoire. Quels sont aujourd’hui en France les institutions auxquelles on se réfère pour parler d’une histoire aussi singulière que celle des communistes ?


Car si les communistes se taisent, il y a par contre de l’autre côté la mémoire des anticommunistes qui fait merveille. Il n’y a qu’à ouvrir les yeux et les oreilles, on n’entend parler que du goulag, de la misère, des polices politiques, de la Stasi, de la faillite économique… C’est le fantastique succès du livre noir du communisme : deux cent mille exemplaires en 1997… L’anticommunisme offre donc bien une mémoire. Mais ce n’est pas la bonne mémoire pour les communistes car il faudrait qu’ils acceptent, en gros, d’avoir été nazis…


Et pourquoi fait-on de tels rapprochements, sinon pour assimiler la pensée de Marx à celle d’Adolf Hitler… Comme si toute tentative d’alternative au capitalisme devait être totalitaire. Comme si tous les communistes étaient des staliniens…


L’intérêt de cet échange de lettres est justement de poser les questions et les doutes de ceux qui ont été « communistes », et qui ne s’en repentent pas. Car comme le dis Alfredo Reichlin, s’il y a une chose dont il n’est pas coupable, c’est justement des horreurs du stalinisme. Le parti communiste, ce n’est pas seulement Staline. C’est surtout la lutte des dominés. Et elle n’est pas près de s’achever… Tant qu’il y aura des exploités, des humiliés, les conditions de leur lutte seront réunies. Mais les formes d’exploitation d’aujourd’hui ne peuvent pas être combattues par les armes utilisées autrefois par les partis communistes.


C’est ce que démontrent nos deux protagonistes. Et au delà de leurs doutes et interrogations sur leur propre itinéraire, ce qu’ils apportent au débat des gauches aujourd’hui est irremplaçable si l’on veut avancer. Il faut les entendre, même si ce n’est pas toujours facile de suivre les méandres de leur pensée entre hier et demain.


Nous avons cherché simplement à rendre palpable (théâtrale ?) la matière de leurs réflexions. C’est un cadeau précieux qu’ils nous font, car ils ont la mémoire de l’histoire. Et sans affirmer de manière péremptoire leurs certitudes pour demain, ils nous donnent quand même des outils qui nous seront bien utiles, à tous, si nous voulons sortir par le haut de cette incroyable crise de la pensée humaine.


Je voulais juste en rendre compte.

Michel Belletante

novembre 2009

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