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Le Quai

+ d'infos sur le texte de Jacques Probst
mise en scène Camille Giacobino

: Sur le quai avec Jacques Probst

Propos recueillis par Nalini Menamkat, août 2008

Quel souvenir gardez-vous de l’écriture du Quai ?


J’ai écrit Le Quai en revenant de Paris après une rencontre avec Roger Blin. Il appréciait mon écriture et ne montait presque que des pièces contemporaines inédites. C’est d’ailleurs lui qui a fait découvrir des auteurs comme Beckett, Adamov, Genet. Il m’a demandé d’écrire une nouvelle pièce pour lui et c’est ce que j’ai immédiatement fait sur le chemin du retour.


Comment relisez-vous cette pièce aujourd’hui?


Je ne relis jamais mes pièces. Je le fais déjà assez quand je travaille dessus. Lorsque je termine, je passe à la suivante et ne me retourne pas.


La trame de vos histoires résonne souvent de manière un peu mystérieuse. Ce mystère est-il également présent pour vous ou en gardez-vous les clés à l’insu des lecteurs ?


Si j’avais la clé de ces mystères, je la donnerais, je ne suis pas un salaud ! Mais je ne l’ai pas. Je ne sais rien de plus que ce que j’ai écrit. D’ailleurs, je trouve qu’il n’est pas nécessaire de tout comprendre. Je ne fais pas de plan réfléchi à l’avance, j’écris la pièce qui, une fois achevée, a sa vie propre. Parfois on me fait remarquer des choses auxquelles je n’avais pas pensé. Lorsque l’écriture éveille des choses chez vos lecteurs qui dépassent vos intentions premières c’est une grande satisfaction.


Est-ce que vous avez rencontré Camille Giacobino? Vous arrive-t-il d’intervenir dans le travail de mise en scène de vos textes ?


J’ai vu Camille une fois mais je ne vais sûrement pas intervenir dans ses choix. Il n’y a rien de plus emmerdant que les auteurs qui veulent avoir leur mot à dire dans la création de leurs textes. Le metteur en scène a son propre projet, la pièce lui appartient. La seule chose qui pourrait me déranger ce sont les coupes, je crois avoir suffisamment réfléchi au texte pour qu’il n’y en ai pas besoin.
Lorsque je joue dans les pièces que j’ai écrites, par exemple avec Philippe Mentha, je dis toujours : « l’auteur est mort. » J’aime découvrir le projet du metteur en scène, c’est toujours une belle surprise que de voir la façon dont il s’est approprié le texte et comment il est dit. Lorsqu’un comédien donne une interprétation qui fait résonner les mots d’une autre manière que ce que l’on avait imaginé, cela devient riche. Il est important que le texte reste ouvert.


Vous semble-t-il nécessaire que l’on respecte vos didascalies?


Les notes et les didascalies sont pour le lecteur. J’aime quand on me dit que l’on peut lire mes textes presque comme un roman, comme si chaque pièce était le développement d’une même histoire...sans que je sache vraiment laquelle. Mais le metteur en scène n’a pas besoin de tenir compte de ces indications.


Y a-t-il quelque chose qui vous semble important d’être préservé ?


On dit assez justement qu’il y a deux genres de metteurs en scène : ceux qui se servent de la pièce et ceux qui servent la pièce. Pour le premier le théâtre devient une question d’ego, les seconds, que je préfère bien sûr, n’ont pas de raison de se tromper. Ce qu’ils doivent préserver c’est ce qu’ils ont aimé dans la pièce, je n’ai pas d’autres attentes.


Quelle place prend l’écriture aujourd’hui dans votre activité théâtrale ?


L’écriture prend une place essentielle dans ma vie. J’écris tous les jours ne serait-ce que pour entretenir la main. Je suis avant tout un auteur qui joue plus qu’un comédien qui écrit. Mais je n’ai pas de systématisme, je peux écrire le matin, le soir, la nuit...il faut juste trouver le bon moment et avoir quinze ou vingt heures devant soi. Ensuite j’écris jusqu’à ce que cela sonne bien et que je sois content.

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