La fantaisie de Lasha et son ironie sont uniques. Ils s’expriment par la langue acérée qu’il utilise, que j’appellerais « crue » s’ il n’ y avait pas de connotation vulgaire dans cette expression.
Sa puissance théâtrale repose sur l’absurdité des situations qu’il nous propose.
Les familles traditionnelles patriarcales qu’il décrit le plus souvent doivent faire face à une situation extraordinaire : le mariage d’ un fils avec une vache dans « Otar », une jeune fille qui entend la voix des Saints dans Tsitsino.
La confrontation des personnages à ces évènements incongrus révèle à traits cinglants les mécanismes humains: les réflexes de protection, les espoirs de bonheur...

Son imaginaire farfelu insuffle à ses pièces une folie et un dynamisme qui tranchent avec la réflexion sans illusion qu’il propose.
C’est ce paradoxe qui confère à ses pièces, et particulièrement au « Monde de Tsitsino » une dimension théâtrale (et humaine) unique, qui dépasse les frontières d’un pays.

Lasha se pose en critique de ses contemporains, mais non pas en juge. Il est bienveillant vis-à-vis des personnages, il témoigne de leur envie de vivre et de leurs contradictions.

Selon Lasha Bugadze, la grande part de fiction dans l’histoire de son pays freine la construction d’une politique plus stable. Cependant, pour parler au monde et à ses contemporains, il prolonge cette tradition avec « Le Monde de Tsitsino».

Lasha Bugadze se réjouit du projet de la troupe. Il nous a accordé une aide précieuse tout au long de la traduction, et c’est grâce à lui que le Royal District Theatre de Tbilissi est disposé à nous accueillir dans leurs murs.

Clara Schwartzenberg