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Le Libera

+ d'infos sur l'adaptation de Joël Jouanneau ,
mise en scène Joël Jouanneau

: A propos de la pièce

Pas de quoi faire un roman.
Imaginer ce que le maître voulait faire de son manuscrit. Certains passages sont rédigés complètement, d'autres à l'état de notes.
Il ne pouvait s'agir ni d'un journal ni d'un recueil de pensées. Des mémoires à la rigueur mais la trame d'une intrigue policière est partout sous-jacente quoique confuse, il y est question d'un assassinat qui prend des formes variées selon le contexte.
Nul doute que l'auteur qui vivait paisible et n'avait jamais été ni mêlé à aucune affaire louche ni victime d'aucun attentat s'essayait en vain à la fiction.



Monsieur Songe n'a d'autre vocation que celle d'écrire, tant bien que mal. Son compère Mortin afin de lui venir en aide lui dit : « en somme, pour donner corps à ton travail, en faire ce bloc compact que tu souhaites tant, pourquoi ne pas relier tout ça par une intrigue policière quelconque, voire insoutenable mais qui accrocherait ton lecteur ? Par-ci par-là l'apparition d'un inspecteur, d'un vagabond, d'un cadavre, n'importe quoi et faire passer tes propres élucubrations, ton baratin, tes maximes et autres sornettes dans la bouche de divers personnages interrogés par la police ou conversant simplement entre eux ? Là alors tu serais à couvert, irresponsable, libre de tout souci moral, philosophique, littéraire et caetera. »
Curieusement dans la journée, Monsieur Songe apprend que le maître d'école serait impliqué dans une affaire assez louche. Il trouve confirmation de cette nouvelle dans le journal.


L'instruction a dû commencer la semaine précédente alors qu'il était grippé et ne lisait pas le Fantoniard. Il y est question de cambriolage, de recel, et même de meurtre à la suite de la disparition d'un enfant, le petit C. Pas d'autres précisions pour l'heure.
Monsieur Songe qui déteste ses concitoyens se promet de joyeuses semaines à lire les comptes-rendus de l'affaire et à les commenter dans ses carnets. Le voilà requinqué derechef. En effet, merveilleusement affriolé par les comptes-rendus du journal, le vieux scribouillard note tous les noms qu'il y trouve rapportés, celui de Mademoiselle Lorpailleur la maîtresse d'école, celui de Mahu le simple d'esprit, celui de Sinture le postier, et caetera, tout un petit monde plus ou moins impliqué dans le cambriolage et l'affaire C. Et, mécontent des détails relatifs aux agissements de chacun, il en fabrique de nouveaux qui remplissent trois carnets et aboutissent à la conclusion que le juge s'est trompé sur des points essentiels et a finalement condamné pour viol et assassinat un innocent romanichel.
Et puis un jour, Mortin découvre par hasard que son ami qui prétend acheter quotidiennement le journal, est en réalité plongé dans la lecture de numéros datant de quarante ans. La vieille affaire du cambriolage peut y être suivie de A à Z sans qu'il y manque un détail.

Robert Pinget

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