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Le Journal d'une femme de chambre

mise en scène Philippe Person

: Notes d'intention

Note d’intention de Philippe Honoré, l’adaptateur


L’évidence de la modernité
Adapter pour la scène un tel chef-d’oeuvre est à la fois une évidence et une gageure. Avant tout, il y a elle, Célestine R., et autour d’elle, l’autre, l’ennemi, celui qu’elle devra combattre. Une comédienne face à ces démons qui seront incarnés par un seul comédien.
Dans un monde où l’autobiographie passionne, où l’intimité de chacun est révélée sans pudeur, Célestine ancienne femme de chambre publie son journal. Avec humour et franchise, elle dévoile les petits et grands travers des patrons qu’elle a servis, ne cache rien de ses propres turpitudes et surtout trace le portrait de Joseph qu’elle finit par épouser bien qu’elle le soupçonne d’être un criminel.
Les situations cocasses et tendres fourmillent, les récits s’entremêlent, Célestine est effrayante, attachante, à la fois victime et bourreau.
C’est surtout un personnage incroyablement moderne comme l’est le sulfureux roman d’Octave Mirbeau.




Note d’intention de Philippe Person, le metteur en scène


Comme pour tous les grands textes, quand on a lu Le Journal d’une femme de chambre, on s’en souvient. On s’en souvient toujours. Pas en détail bien sûr, mais cela des fait partie des textes qui « restent en vous ». Jean Renoir expliquait avoir été frappé par ce texte dès sa plus tendre enfance.
Quand je me suis replongé dans le roman, le porter à la scène a été une évidence. Mais surtout ne pas en faire un monologue. Il y a tout au long du récit de Célestine une telle force, tant d’images que j’ai eu envie de montrer Les Lanlaire, Mauger et autre Joseph. Une formidable galerie de personnages !
La pièce s’articule donc ainsi : Célestine raconte et sur scène prennent vie les personnages qu’elle évoque. Pour provoquer la parole, j’ai imaginé que Célestine venait de publier son journal et c’est lors d’une rencontre avec ses lecteurs qu’elle répond aux questions et évoque ses souvenirs.
Si Bunuel a placé son film dans les années 30, j’ai situé la pièce dans les années 70 où fleurissait encore toute « une petite bourgeoisie », bourgeoisie qu’a merveilleusement dépeinte Claude Chabrol. Quand on découvre Monsieur Lanlaire, il écoute le débat Giscard – Mitterrand avant l’élection présidentielle de 1974…
Mettre en scène Le Journal d’une femme de chambre pour ne critiquer que la bourgeoisie serait trop réducteur. Ce qui est fascinant : c’est elle. Célestine, qui est-elle vraiment ? Elle est mystérieuse et ambigüe et regarde tout avec un détachement et une assurance empreints d’ironie. Que veut-elle vraiment ? Jeanne Moreau qui a interprété Célestine disait : « Son rêve, je crois, c’est d’avoir à son tour une femme de chambre » Une table, un écran constitueront le décor de Célestine, cet espace où elle répond aux questions. Un autre espace d’où les scènes du passé surgiront. Toutes ces scènes seront incarnées, pas simplement évoquées, il faut « croire » aux personnages pour donner à chaque scène, à chaque situation sa force dramatique ou comique. Costumes, décors, musiques nous plongeront au milieu des années 1970.
Le plaisir de l’acteur, pour moi, est indissociable du plaisir du spectateur, l’un n’existe pas sans l’autre. Ce texte adapté par Philippe Honoré est une formidable partition pour deux comédiens.

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