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Le Jour des meurtres dans l'histoire d'Hamlet

mise en scène Pierre Diependaële

: Le Projet

Après avoir créé à Strasbourg avec le Théâtre du Quai une nouvelle pièce, Récits Morts (1973), KOLTÈS se lance dans une sorte d’adaptation rêvée d’Hamlet, qui porte le titre parlant de Le Jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet, titre caractéristique par l’insistance sur la temporalité courte et sur la violence.
À partir de ce moment, se confirme sa décision de ne pas travailler, et de vivre comme il pourra de sa plume.
Anne UBERSFELD – Bernard-Marie Koltès – éd. Actes Sud – Papiers, 1999.


- Le projet m’a été suggéré par Louis Ziegler qui, avec quelques amis, a été engagé dans toutes les réalisations des premiers textes de Koltès.
J’ai en effet personnellement connu Bernard. À l’époque, nous l’appelions tout simplement Bernard !
C’était à Strasbourg, au début des années 70, le Théâtre du Quai.


- La pièce a été écrite en 1974. Elle n’a jamais été montée à ce jour.
Le texte est inédit mais il devrait être publié prochainement aux éditions de Minuit.
J’en détiens, précieux dépôt, un exemplaire original dactylographié, annoté à l’encre bleue, agrafé sous une chemise gris-vert.


- La dramaturgie de Koltès est remarquable, en cela qu’elle déclare non seulement les choix d’une poétique qui fonde son œuvre à venir, mais surtout parce qu’elle fait trace avec pudeur et dans le tremblement d’un trouble, de la vigoureuse angoisse qui va le travailler toute sa vie.
Des cinquante figures de la pièce matricielle, Koltès resserre la geste de Shakespeare en un quatuor de famille, le fils, la mère, l’oncle et la fille, tous les quatre à la fin morts de mort violente en une suite de meurtres ou suicides par noyade, poison, poignard …
Tout y paraît simple, soudain, évident comme un fait divers – glissade dans une flaque d’eau ou de sang.
À la fois lourd/léger, vide/plein, le poids d’un corps, boule de pensées et de pulsions vivantes, qui aime et ne dit pas, qui roule et tient debout. Densité, équilibre.


La lecture de l’œuvre de Koltès provoque le vertige.
Les mythes et les symboles s’y succèdent en désordre, tels des trouées de lumière brutale dans la nuit incohérente des situations.
Cet effet masque, dévoie, dévie par vagues successives les tentatives éblouies ou désespérées de la logique ou de la raison. Nulle raison ni logique donc !
Au lecteur d’accepter ou non ce vent de tempête, de s’y livrer ou pas, et débarquer alors ou se laisser emporter au hasard d’un itinéraire inconnu et imprévisible, fait d’abîmes et de chutes innombrables pour une improbable arrivée.
Bernard DESPORTES – Koltès, la nuit, le nègre et le néant. – éd. La Bartavelle, 1993


- L’écriture ramasse les temps multiples et les espaces du modèle shakespearien à la mesure d’une seule journée, bornée par deux moments nocturnes, balisée en quelques vagues endroits d’une nature sauvage, élémentaire, ou encore d’espaces d’un palais laissé vacant.
Elle condense les paroles dites dans un mouvement d’ellipse, souvent énigmatique, où le silence semble dire et parler.
L’action distribuée en cinq moments est scandée par d’étonnantes notations, non pas des didascalies, mais comme l’enregistrement sismique des secousses de cette histoire.


Pour ma part, j’ai seulement envie de raconter bien, un jour, avec les mots les plus simples, la chose la plus importante que je connaisse et qui soit racontable, un désir, une émotion, un lieu, de la lumière et des bruits, n’importe quoi qui soit un bout de notre monde et qui appartienne à tous.
Bernard-Marie KOLTÈS – Une part de ma vie – éd. Minuit, 1999

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