Le Grand Nain C’est un monstre féerique
C’est un freak, un monstre, une créature aux proportions anormales, un grand buste rigide, sans doute un grand cerveau sous son chapeau, des toutes petites jambes. Le Grand Nain est atteint d’une achondroplasie* étirée et filiforme. Robinson des temps modernes, il vit dans une grande solitude et cerné par les objets. Les choses sont ses interlocuteurs, l’étalon de son Humanité. Handicapé, il ne peut se relever seul : tombé à terre, il est comme un scarabée sur son dos. Pour se relever, il a inventé des systèmes, des béquilles, il est devenu acrobate. Il a un sceptre qui lui sert aussi de canne. Ou peut-être est-ce l’inverse ? Digne et fantastique, il reste néanmoins tout à fait conforme à ses concepts d’humanité.
Le Grand Nain est un être civilisé.
*L’achondroplasie n’est pas un animal préhistorique mais une maladie génétique causée par une anomalie de la croissance de l’os ou du cartilage de l’os. C’est une des nombreuses formes de nanisme, mais aussi la plus fréquente.

Le Sauvage Le sauvage, c’est la barbarie intérieure de la raison
Double inversé du Grand Nain, le Sauvage est d’abord étranger. C’est l’autre radical. Celui qui est nécessaire et celui qui effraie. Il est la catastrophe et la salvation. Est-ce le miroir ou la fenêtre ? Son corps est sorti de la glaise. ll est presque nu, à la peau lisse et cuivrée, à la santé d’acier. Ses tatouages sont le seul signe de sa culture.
Un Vendredi possible.