theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Le Firmament »

Le Firmament

+ d'infos sur le texte de Lucy Kirkwood traduit par Louise Bartlett
mise en scène Chloé Dabert

: Note d'intention

Par Chloé Dabert

Après avoir créé quatre pièces de Dennis Kelly, désireuse de continuer mon exploration des dramaturgies britanniques, j’ai dirigé en 2019 un laboratoire de recherche sur les écritures de Lucy Kirkwood et Caryl Churchill. Durant ces quelques semaines, la filiation entre ces deux autrices devenait chaque jour plus évidente : de Martin Crimp à Dennis Kelly, Churchill est la « mère » de toute une génération ; Lucy Kirkwood en est l’héritière et s’inscrit dans la continuité et la réinvention d’un rapport à l’écriture où la forme a autant d’importance que le fond.


La langue de Kirkwood se nourrit donc de cette tradition mais également des nouvelles écritures scénaristiques empruntées au cinéma ou à la télévision : une langue libre, faite de brutalité, d’humour et de modernité. J’ai été particulièrement séduite par la finesse des rapports entre les personnages et la façon dont l’humour finit toujours par nous amener vers le drame.


Lucy Kirkwood dit, en parlant de son travail : « Pour moi, l’élément le plus important de tout type de théâtre est la métaphore. Je pense donc qu’il est possible de parler de grandes questions, à la condition de faire appel à son art, de faire de sa pièce autre chose qu’un pamphlet, sinon ce ne sera pas une expérience théâtrale particulièrement édifiante ». C’est ce à quoi je suis particulièrement sensible et attentive dans tous les textes que je choisis. Je suis davantage intéressée par un texte dont les entrées sont multiples et qui nous raconte d’abord une histoire avant de chercher à nous délivrer un message.


Le Firmament est donc d’abord un scénario extrêmement bien construit, l’humour y est omniprésent, le suspens également.


C’est aussi, ce qui n’est pas si courant, la volonté de réunir sur un grand plateau un groupe de 13 actrices d’âges et d’origines différents - Lucy Kirkwood précisant en préambule de son texte que « les matrones peuvent être de toutes origines ; il est même essentiel que le groupe reflète la population actuelle de l’endroit où la pièce est jouée ».


Car, bien que la pièce se déroule en 1759, elle fait subtilement entendre des résonances contemporaines : justice, déterminisme, passé colonial, patriarcat, place des femmes, de leur corps, tabous sur la maternité, bonne conscience de la classe dominante, haine du peuple envers les plus riches, nationalisme... ; tant de sujets et de questions qui traversent les débats d’aujourd’hui et sont au cœur de ce drame probablement plus intemporel qu’il ne le semble.


Lucy Kirkwood inscrit donc la petite histoire dans la grande. Telle une anthropologue, elle tisse des liens entre les temps et les lieux, nous rappelant que nous sommes dans une révolution perpétuelle, comme celle que la comète Halley entreprend au sein de l’univers et qui est à sa périhélie (point de l’orbite d’une planète qui est le plus proche du soleil au moment du procès de Sally.


  • Chloé Dabert, Avril 2020.
imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.