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Ali 74, le Combat du siècle

+ d'infos sur le texte de Nicolas Bonneau
mise en scène Nicolas Bonneau

: Notes d’intention

Pourquoi ce projet?


C’est un projet que je nourris depuis longtemps. Je le dois à la vue du film documentaire When we were kings réalisé en 1996 par Leon Gast, puis à la lecture du livre de Norman Mailer The Fight, qui relatent tous deux l’incroyable histoire du plus grand combat de boxe du XX° siècle.
Peut-être aussi à mon goût de la boxe depuis le premier Rocky que nous nous racontions dans la cour du collège, après chaque diffusion du dimanche soir.
Ou à l’image d’Ali, allumant la flamme olympique à Atlanta, la main tremblante de Parkinson.
Ou à mon goût de la politique : Cassius Clay devenu Mohamed Ali, poète et sportif, Don Quichotte de la cause noire, années 60, Malcom X, droits civiques, ségrégation, Kennedy, guerre du Vietnam, retour aux racines du continent africain, musique noire, Seventies…
Je continue d’explorer ce qui fait ma spécificité depuis plusieurs projets : l’enquête, l’immersion, le côté documentaire mélangé à la fiction. J’ai ainsi fréquenté les salles de boxe et fais le voyage jusqu’à Kinshasa, afin de marcher sur les traces de ce combat mythique, espérant y découvrir les éléments d’une nouvelle histoire à raconter. Ce n’est finalement pas tant la boxe qui m’intéresse, mais bien de comprendre comment se construit une légende contemporaine, comment on devient un héros, un modèle de courage qui donne aux autres la force de continuer le Combat.


Entre fiction et réel : le conteur, un art du documentaire


En tant que conteur, auteur et comédien, je m’inscris dans une veine qu’on pourrait aujourd’hui nommer théâtre documentaire. Un théâtre qui va au cœur du réel, qui prend la vie dans ce qu’elle a de plus vif. Les thèmes que j’aborde s’inscrivent dans une démarche citoyenne, politique, sociale. À la façon d’un documentariste posant sa caméra et regardant les gens vivre, je pose un cadre, puis des personnages se mettent à vivre dans cet espace, avec mon filtre, mon point de vue. Politique par le choix des sujets (l’usine, mai 68, le fait divers), ma démarche n’est pour autant pas restrictive mais s’adresse bien au plus grand nombre. À ce théâtre du réel, j’adjoins ensuite l’imaginaire, l’autofiction, je travaille sur la tradition orale, l’improvisation, le récit et les histoires, la relation directe au public.


Le point d’appui est ici un fait réel devenu légende. De nombreux documents, archives, récits, relatent cette histoire.
Le collectage reste néanmoins une façon d’entrer dans le sujet, de se l’accaparer.
Ainsi, une immersion dans une salle de boxe à Rennes, l’apport d’un ancien boxeur lors des répétitions, sont une façon de décrire la vie de la boxe au quotidien, les entraînements, la discipline, les anecdotes, les personnages qui composent ce milieu.
Le voyage à Kinshasa étant quant à lui, une autre façon de rencontrer l’Afrique. Rencontrer des personnes qui ont vu le match. Collecter ceux qui ont rencontré Ali et Foreman. Aller dans le stade. Fréquenter les salles de boxe de Kinshasa. Marcher sur des ruines antiques…


Un journal de bord, sorte de Carte Postale a d’ailleurs été présenté au retour de ce voyage, à La Rochefoucauld (16).
Voir les cartes postales vidéos sur http://combatdusiecle.blogspot.fr/


J’ai par ailleurs écrit une nouvelle sur les deux Congo, dans le cadre d’un recueil d’Amnesty International. Lire le texte en ligne sur : [http://blogs.mediapart.fr/edition/marathon-des-signatures/article/151111/traverser-le-fleuve-par-nicolas-bonneau |http://blogs.mediapart.fr/edition/marathon-des-signatures/article/151111/traverser-le-fleuve-par-nicolas-bonneau|]


Tel Tintin au Congo recherchant Ali dans les salles de boxe de Kinshasa, je continue ma recherche de transposition du réel et de mélange avec l’imaginaire, entre histoire vraie et vraie histoire.


Une épopée intime


Dans la lignée du précédent spectacle Fait(s) Divers, à la recherche de Jacques B, Nicolas Bonneau continue de vouloir mélanger une certaine tradition du conteur, à une démarche documentaire et une forme spectaculaire. Ici, la musique et l'image.
La tonalité du récit mélange la parole intime à la fonction documentaire. Une langue tour à tour concrète et poétique qui raconte la grande Histoire du XX° siècle à travers le prisme du combat : celui de Ali, celui de la cause noire, de l’Afrique, et le combat personnel que nous menons tous.



Raconter une légende / Sport et politique.


Pourquoi êtes vous boxeur demanda-t-on à Ali ?
— Je ne peux pas être poète, répondit-il. Je ne sais pas raconter…


Derrière la légende de ce combat du siècle, la version homérique vendue aux médias du monde entier, derrière ce combat entre deux Noirs, organisé par des noirs, dans un pays africain, et regardé par des millions de blancs - le combat a lieu à 3h du matin pour être retransmis en direct aux États-Unis à un horaire correct - il y a toute une portée politique, poétique, symbolique…


Comment se sont passés les mois précédents le combat ?
Pourquoi ce combat est-il devenu mythique ?
Comment a-t’il su passionner et émouvoir le monde entier ?
Comment Ali a t-il gagné ?
Comment raconter…


Ce combat c’est aussi le Black Power, dont les uppercuts vengeurs rappellent le rêve brisé d'un autre King, pasteur de son état, ce combat c’est aussi la lutte progressiste pour les droits des afro-américains, vite proclamés et trop vite oubliés au sein d'une société américaine raciste et d'un monde secoué par la décolonisation de son tiers (16 nations africaines étant devenues indépendantes en 1960).


Cassius Clay, dépouillé de son titre en 1967 parce qu'il militait aux côtés des Black Muslims, un mouvement noir qui, s'il était extrémiste, était surtout infiltré par le FBI qui provoquait en leur nom des exactions pour mieux les discréditer aux yeux de l'opinion publique et mieux justifier leur bannissement.


Car enfin, Muhammad Ali, grand manipulateur des médias devant l'éternel, a peut-être fait plus que la NAACP (association nationale pour la promotion des gens de couleur) pour la cause des Noirs par son art de la provocation, servi par un verbe qui, selon son propre auteur, devait le mener tout droit à la Maison Noire !


La récupération scandaleuse et peut-être pathétique du combat par un tyran sanguinaire, qui se servit du ring installé sur les rives du fleuve Zaïre comme d'une arène politique pour mieux asseoir le pouvoir mobutiste ?


Ce combat est l'occasion de relater la genèse d'une mythologie, et rappeler que le sport devient souvent un enjeu politique.

Nicolas Bonneau

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