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Le Collier d'Hélène

mise en scène Nabil El Azan

: La Pièce

La création de cette pièce - ainsi que l’atelier théâtral et la pièce jeune public qui en résultera - forment le premier volet d’un partenariat entre le Théâtre National Palestinien (Jérusalem Est) et la compagnie La Barraca (Paris).
Projet conçu et présenté par Nabil El Azan.


Préambule


C’est aux Bouffes du Nord à Paris, fin janvier dernier, que j’ai découvert le travail du Théâtre National Palestinien de Jérusalem Est (TNP), et que j’ai rencontré Jamal Ghosheh, son directeur. Nous avons discuté beaucoup, ce soir là, comme toujours quand deux personnes se découvrent des passions partagées. Il m’a parlé du TNP, ses réalisations, ses aspirations, ses limites. Je lui ai raconté l’aventure théâtrale de La Barraca, ses créations, sa philosophie. En fin de soirée nous convenions de la nécessité de bâtir un projet commun. Il n’y avait plus qu’à le concevoir. Et Jamal Ghosheh de m’en laisser le soin.


Je n’ai pas tardé à lui proposer de démarrer notre collaboration par la production de la pièce « Le collier d’Hélène » de Carole Fréchette. Le choix de cette pièce et les modalités de sa réalisation découlent d’un « état des lieux » sur lequel il convient de s’arrêter quelques instants.

L’état des lieux


Le TNP existe à Jerusalem-Est depuis une vingtaine d’années. Il dispose d’un équipement et d’un réseau de diffusion sur des théâtres de villes palestiniennes. Sa programmation est régulière (mais discontinue), et, à défaut de pouvoir entretenir une troupe, il dispose d’un grand nombre de talents artistiques (acteurs, musiciens, auteurs…) qui gravitent autour de lui. Le TNP est cependant pauvre en moyens financiers. Il ne bénéficie d’aucune subvention. Ni d’Israël, ni de l’autorité palestinienne qui a bien du mal à régler le salaire de ses fonctionnaires. Par ailleurs, en cette région pour le moins troublée du monde, les institutions étrangères ou privées, tous ces subventionneurs potentiels, accordent leur attention plus à l’humanitaire qu’à la culture. Cette situation fragilise à l’extrême la création artistique et crée une sorte de vide culturel, ce qui pousse les jeunes à la désertion. Du coup, le tissu social se relâche et la ville se dépeuple de ses talents. Pour le TNP, travailler avec des structures européennes, c’est non seulement un appel d’air, mais un besoin vital pour tout à la fois créer du lien social, maintenir une exigence dans le travail artistique, obtenir un apport en formation professionnelle, garder un échange avec le monde.


De son côté, La Barraca est une compagnie théâtrale française particulièrement attentive aux écritures dramatiques d’aujourd’hui, notamment celles d’expression française. Son axe de travail est la création d’auteurs contemporains, pendant que l’échange artistique et la rencontre humaine sont au cœur de sa démarche. Subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication, elle développe ses activités sur un champ international et produit des spectacles où elle mêle des artistes des pays différents, en particulier entre Nord et Sud.


Le projet : quoi, comment et pourquoi Le collier d’Hélène ?


Partant de cet état des lieux, j’ai pensé qu’une pièce comme Le collier d’Hélène, pourrait constituer le socle d’une collaboration entre le TNP et La Barraca. Jamal Ghoseh, ayant entendu le résumé de la pièce et le concept de sa création, a confirmé mon intuition. Quels sont-ils ?


Le résumé


La pièce raconte l’errance d’une femme occidentale, Hélène, dans une ville arabe (où elle se trouve pour un congrès), à la recherche de son petit collier de perles blanches. Un chauffeur de taxi nommé Nabil sera son guide et son protecteur lors de ce périple qui la mènera dans les dédales d'une ville qui tente, vaille que vaille, de surmonter ses douleurs et de panser les plaies d’un interminable conflit. Là, au pied d’un chantier, ici, dans le vacarme d’une rue encombrée ou dans la promiscuité d’un camp de réfugiés, elle rencontrera quelques habitants de cette ville, tour à tour : un contremaître cynique, une mère meurtrie, un homme au rêve brisé, un petit revendeur à la sauvette. Ces divers personnages lui révèleront une réalité plus douloureuse que la sienne et peut-être bien la part la plus douloureuse d’elle-même. Puis ils l’investiront d’une étrange mission, aller crier là-bas, dans son pays du nord :  « on ne peut plus vivre comme ça ».


Le concept de création


Il s’agit de faire de Jérusalem-Est la ville où Hélène accomplit son parcours iniatique. Il s’agit aussi, d’une certaine façon, de rendre concrète l’expérience de l’altérité qu’elle y mène. Aussi, je propose de mettre en scène une comédienne française (qui jouera le rôle d’Hélène), face à cinq acteurs palestiniens qui joueront les cinq autres rôles de la pièce (4 hommes et 1 femme). Ce face à face se fera aussi dans la langue, Hélène s’exprimant en français, un peu en anglais, les acteurs palestiniens, quant à eux, jouant leur partition en arabe, en anglais, en français, selon leur aptitude.
Les répétitions auront lieu à Jérusalem, au TNP, lors d’une résidence de création de deux mois (répétitions et représentations). En outre, je m’appuierai sur la collaboration d’une équipe artistique et technique palestinienne pour assurer les lumières, la scénographie, les images vidéo, l’assistanat et la régie. Le spectacle sera surtitré en arabe, en français et en anglais.
Douze représentations sont prévues. Après le TNP de Jérusalem, le spectacle trounera sur Ramallah et Betlehem. La perspective est de tourner ce spectacle la saison d’après en France, où je vis, et au Canada, pays de l’auteur de la pièce. À cet égard, La Barraca organisera un voyage à Jerusalem pour les programmateurs français et québecois lors des représentations au TNP.


Les raisons de ce choix


La pièce est forte, elle mène le spectateur au cœur de la douleur, sans revendication, sans faire de la morale, sans donner de leçons. Elle produit des effets de soulagement évidents, mais plus important encore, à travers le sensible, elle conduit à une prise de conscience, « on ne peut plus vivre comme ça », peut-être à agir, encore et encore, pour que la tragédie cesse.


Cette force, ces effets, je les ai déjà éprouvés lors de ma première mise en scène de cette pièce. C’était en 2002 à Beyrouth, où j’ai mené une aventure similaire, avec une comédienne française et cinq acteurs, majoritairement libanais. Le travail théâtral s’est nourri du drame du pays des cèdres. Et le spectacle s’est joué au Liban, à Damas avant de tourner en France sur deux saisons. Partout c’était un moment d’émotion partagée.


La mise en scène sera différente de la précédente, nécessairement. Il s’agira cette fois-ci de la nourrir du vécu palestinien, de ses espérances comme de ses souffrances. Et tout en creusant la question de l’inquiétante étrangeté, l’attention sera toujours accordée au corps à corps de l’acteur avec l’autre et avec le texte. Afin de rendre palpables les rites de passage qu’accomplit Hélène. Afin de rendre sensible aussi le chemin du deuil qu’elle parcourt. Afin de permettre au spectateur de faire sienne cette bouleversante expérience de l’altérité.


Atelier


Cette résidence de création ouvrira sur deux autres activités complémentaires, un atelier d'écriture et un spectacle jeune public. L'objectif évident étant de sensibiliser les jeunes à l'activité théâtrale en les impliquant directement dans une démarche culturelle.


L'atelier d’écriture théâtrale. Animé par Carole Fréchette au TNP, de cinq jours en février, il sera ouvert gratuitement aux jeunes auteurs palestiniens. Son objectif : donner aux participants un aperçu de la dramaturgie d'expression française actuelle et leur permettre de s'essayer à de nouveaux critères d'écriture.


À l'issue de cet atelier, les participants auront un mois pour écrire une pièce pour jeune public, avec deux à trois personnages, et pour thématique la vie sous l'occupation.


Un comité formé de collégiens et de leurs professeurs, sélectionnera une pièce parmi ces textes. La pièce sélectionnée fera l'objet d'une production par le TNP, avec une équipe palestinienne, sous la direction de l'assistant(e) à la mise en scène du spectacle Le Collier d'Hélène.


Cette création jeune public équipe tournera dans les camps palestiniens au mois de mai 2008.


Conclusion


Réussir à réaliser ce premier volet du partenariat, dans son double volet artistique et culturel, c’est un enjeu de la plus haute importance aujourd’hui pour le TNP et La Barraca. De ce succès se construiront les prochains volets, différents d’une fois l’autre, toujours pensés, travaillés, par la plus-value du théâtre, espace d’échange, de rencontre et d’émancipation personnelle et collective.

Nabil El Azan

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