Il ne s’agit pas d’une nouvelle adaptation du texte de Cervantès mais bien d’une écriture originale et contemporaine de Philippe Vincenot.

Le Don Quichotte de Cervantès est un point de départ, une influence, une impulsion à l’écriture. Il y a le désir, né d’une lecture commune et bien tardive, de s’atteler au mythe Quichotte, personnage hors norme, texte inouï que peu ont lu mais qui cependant est accroché dans la mémoire de chacun.
Du texte de Cervantès il restera des traces sensibles : un lourd penchant à la rêverie, un désir irrépressible d’errance et de voyage, la relation fusionnelle de deux oiseaux inséparables, une réflexion sur le réel et l’identité.

Quand Don Quichotte et Sancho découvrent dans le livre Deux De Cervantès qu’ils sont les héros du Livre Premier, on ne sait plus, et eux non plus, s’ils sont à l’asile ou au théâtre…
Dans l’écriture qui nous est proposée, ils sont dans une maison de repos de campagne..
Quichotte veut entraîner son compagnon d’infortune et de cellule, Sancho, vers la liberté des grandes plaines, loin de cet endroit qui « sent l’urine, la défécation, le produit détergent, avec des notes de crasse et de renfermé ».
Chaque tentative de sortie nocturne est un échec. Les deux pensionnaires ne parviennent à parcourir que quelques mètres, tant est grand leur penchant à la rêverie et à la dispute. Et chaque aube ou presque les surprend à peu de distance de leur point de départ.
Certains jours,le médecin, homme peu actif et vite débordé, essaie de comprendre, interroge, tente de maintenir un semblant d’ordre.
L’issue, l’échappée, de ce voyage immobile ne peut dès lors avoir lieu que grâce à la réalité du théâtre. Quichotte – ancien acteur ?- se prépare enfin à jouer le rôle de Quichotte, le vrai, celui de Cervantès, et ainsi à écrire une nouvelle page du roman…