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L'Augmentation

+ d'infos sur le texte de Georges Perec
mise en scène Jacques Nichet

Je me souviens que pendant des années Georges Perec arrivait toujours à la gare au moins une heure avant le départ de son train.
Harry Mathews



« Vous avez mûrement réfléchi. Vous avez pris votre décision et vous allez voir votre Chef de Service pour lui demander une augmentation. »


Dès la première réplique de sa première pièce, Georges Perec étonne. À qui s’adresse-t-il ? Au spectateur ? À l’acteur ? Au personnage ? À la conscience du personnage ? Une petite voix anonyme vouvoie le demandeur de l’augmentation ! Elle va l’accompagner dans son désir, elle va s’obstiner avec lui, parler pour lui dans le bureau du chef de service, mais elle va aussi multiplier les obstacles, lui signaler les difficultés de la démarche : on se heurte à l’absence du responsable, on l’attend dans le couloir, on va faire la causette à mademoiselle Yolande dans le bureau voisin, on piétine, on passe son temps à attendre le moment propice pour demander une augmentation.


Perec transforme le langage en jeu de l’oie. On passe par des cases : 1) la proposition. 2) l’alternative. 3) l’hypothèse positive. 4) l’hypothèse négative. 5) le choix. 6) la conclusion. Et la parole tourne en rond, en spirale plus exactement. Plus on parle, plus la parole retarde la possibilité d’obtenir un réajustement du salaire. On doit sans cesse revenir à la case départ, reprendre la partie : elle n’aura jamais de fin.


Perec varie à plaisir son jeu d’écriture. On croit réentendre les mêmes « répliques » : comme des vagues, ces variantes se superposent les unes aux autres, selon le flux et le reflux du texte, telle une partition musicale. Nous avons demandé au compositeur Hervé Suhubiette de nous aider à interpréter ce phénomène littéraire. Ensemble nous aimerions découvrir des échos musicaux, discontinus, faire entendre le ton, les tons, les demi-tons, les effets choraux, les presque-silences de cette parole infra ordinaire : grise, frisant la monotonie, grinçante, violente, comique, triste, ludique, allez savoir ! Pour la première fois, Perec, tel un diable, monte sur la scène pour la démonter : il déjoue le théâtre. Il escamote les ficelles de l’intrigue, la scène à faire, les rebondissements, le quatrième acte, les personnages pétris d’humanité. Passez muscade ! À la place, voici un « mille phrases », débrouillez-vous !


Pour relever le défi à nos côtés, sept jeunes acteurs, chanteurs, musiciens. Ils sont venus faire « leurs débuts », comme on disait autrefois dans le monde du théâtre. Nous avons donc choisi pour eux la pièce d’un débutant, écrite dans les remous de l’après 1968. L’ami Perec nous entraîne tous illico presto sur ses chemins buissonniers…

Jacques Nichet

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