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La Panne

mise en scène Jean-Yves Ruf

: Trois questions à Jean-Yves Ruf

La panne est un texte sur la justice. Est-ce un thème important pour vous ?


Oui. J’ai toujours été fasciné par la question de la justice. Mesure pour mesure de Shakespeare, pièce que j’ai montée la saison dernière, traite essentiellement de cela aussi. Ces textes entretissent toujours deux niveaux de justice : celle des hommes et celle de Dieu. Et cette dernière dépasse de loin la problématique purement chrétienne. Dieu, ce serait cette voix secrète et d’une implacable lucidité qui nous souffle la vérité sur nous-même. Comme Jung le suggère, l’image de Dieu en nous est un aspect fondamental de la psyché humaine. Quelle est la plus grande et la dernière instance de condamnation pour Traps ? Zorn, le procureur à la retraite, vieillard infatigable, qui mène l’interrogatoire à table, tout en se goinfrant ? Ou Traps, dernier procureur de lui-même, qui éprouve un soulagement immense à se connaître enfin ? Dürrenmatt est trop bon écrivain pour y répondre explicitement, mais tout son texte est innervé par cette question. Vaut-il mieux être traqué par un appareil judiciaire ou par sa propre conscience ? On peut passer entre les mailles de la justice humaine, on échappe plus difficilement à soi-même.


Selon quels critères avez-vous réuni les interprètes de ce projet ?


Je n’ai pas de critère avoué à part l’intuition d’une rencontre. Pour moi les acteurs sont des créateurs, ils ne sont pas là pour répondre à une projection que j’aurais sur le personnage, mais au contraire pour déjouer mes propres attentes, et chercher l’endroit de vie qui ne se trouve ni chez eux ni chez moi, mais « entre ». En ce qui concerne ce projet, j’avais envie de rencontrer des acteurs suisses romands, avec qui j’ai jusqu’alors assez peu travaillé. A partir de là, j’ai demandé conseil autour de moi, et j’ai suivi mon intuition. Je peux évidemment me référer à ce que je connais d’eux sur un plateau, mais cela ne suffi t pas. J’ai besoin de « flairer », comme font les animaux. Je fais plus confiance à un moment passé autour d’un verre qu’à une audition.


Quelle est l’oeuvre (film, arts plastiques, livre…) qui vous a récemment marqué et pourquoi ?


Dernièrement, un autre livre de Dürrenmatt, un recueil de nouvelles, La ville, chez Albin Michel. Ce sont les premiers textes de Dürrenmatt, baroques et irrationnels comme le sont nos rêves.

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