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La Locandiera

+ d'infos sur le texte de Carlo Goldoni traduit par Jean-Paul Manganaro
mise en scène Marc Paquien

: Réunir, sur scène, le monde et le théâtre

Comment raconter l'histoire de La Locandiera…? Comme dans beaucoup de pièces de Goldoni, c'est avant tout l'histoire d'une rencontre et des transformations que celle-ci provoque chez les différents personnages. Ici, on retrouve un Chevalier misogyne - qui a juré de ne jamais donner son coeur à une femme - et une aubergiste - qui fait le pari que cet homme finira par tomber à ses genoux. Mirandolina invente ainsi une comédie, elle veut montrer comment l'amour vient aux hommes. Mais, cette comédie va bientôt la dépasser, car elle-même tombera dans le piège de l'amour.


On pourrait dire que La Locandiera, comme toutes les pièces de Goldoni, est une oeuvre sur les variations infinies de la comédie de l'Amour. Sauf que cette pièce atteint une maturité et une profondeur toutes particulières. Dans son projet de réunir sur scène le Monde et le Théâtre, Goldoni développe un paysage extraordinaire, un paysage de l'humain saisissant. "Les deux livres sur lesquels j'ai le plus médité, et dont je ne me repentirai jamais d'avoir usé, furent le Monde et le Théâtre."


L'idée de mettre en scène une comédie de Goldoni mʼest venue presque naturellement. Après avoir investi le théâtre de Marivaux, puis de Molière, aborder celui de Goldoni va mʼentraîner vers une toute autre manière de penser le monde, de penser la scène. Car, Goldoni ne cherche pas, comme Molière, à mettre en lumière les vices des hommes ou, comme Marivaux, à explorer le monde abstrait des sentiments. Il se penche sur l'humain pour y déceler sa part d'ombre. C'est une peinture vivante qui est projetée sur la scène, une peinture qui offre un champ d'exploration tout à fait particulier. On en a vu des mises en scène affectées, d'autres plus réalistes comme celles de Ronconi, ou plus tchekhoviennes comme celles de Strehler, certaines de ces représentations ont fait date.


Mon envie de mettre en scène La Locandiera est née de deux choses. La première est le souvenir du spectacle de Jacques Lasalle avec Catherine Hiegel, à la Comédie-Française, qui fut lʼun des moments fondateurs de ma vie de spectateur et d'homme de théâtre. Jʼai toujours eu un grand plaisir à revisiter ma propre mémoire et à la trahir aussitôt pour inventer de nouvelles lectures, de nouvelles projections imaginaires. Le théâtre n'est fait que de cela, de parcelles de mémoires qui laissent des traces, plus ou moins vives, et refont un jour surface dans le monde. La seconde chose est le désir que jʼavais, depuis longtemps, de travailler avec Dominique Blanc. Lorsque jʼai relu La Locandiera il y a quelques mois, le rôle de Mirandolina mʼest apparu, pour elle, comme une évidence. Elle en possède la légèreté, la lumière, mais aussi "lʼombre intérieure" essentielle à ce rôle.


Réunir, aujourdʼhui, Dominique Blanc et André Marcon sur une même scène est une autre façon de réinvestir la mémoire du théâtre. Tous deux ont en effet été les magnifiques partenaires du Mariage de Figaro mis en scène par Jean-Pierre Vincent, au Théâtre national de Chaillot. Dans La Locandiera, ils vont de nouveau se retrouver face à face, cette fois-ci dans les habits de Mirandolina et du Chevalier, deux êtres ayant renoncé à l'amour. Deux êtres qui vont pourtant, pour la seule et unique fois de leur existence, le rencontrer et le perdre à jamais...

Marc Paquien

octobre 2011

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