Au début, Kate est un personnage froid et impénétrable, qui porte le masque bienveillant de la thérapeute et véhicule l'optimisme arrogant du “super-héros” américain. Pourtant, au contact de Dorra, cette façade va se lézarder pour laisser ses doutes et ses zones d'ombre. Elle prend peu à peu conscience des véritables raisons de son travail auprès de Dorra.

Dorra se retrouve échouée dans une chambre, dont le mobilier se réduit à un lit, une table et une chaise, provenant de l'armée américaine. Déshumanisée, anéantie, elle va se reconstruire au fur et à mesure et accepter l'enfant qu'elle porte en elle.

L'espace scénique met en évidence les tensions et les barrières qui existent entres les deux femmes et aussi en chacune d'elle. Un espace circulaire aux montants métalliques, qui évoque tout à la fois l'enfermement, la réclusion, mais aussi la monstration d'une Dorra devenue objet d'étude pour Kate et bête de foire pour le spectateur.

Il s'agira d'impliquer le spectateur et de mettre en évidence une violence omniprésente : d'abord celle de la guerre balkanique en toile de fond, ensuite celle des rapports exacerbés entre patiente et thérapeute et enfin le conflit intérieur entre corps et esprit qui agite Dorra.
Différentes ambiances se succéderont : scènes tendues, drôles, cauchemardesques ou bien paisibles.
Un travail de vidéo à partir des photos d'Emmanuel Ortiz, photoreporter référent pendant la guerre des Balkans, convoquera le spectre de la guerre, dont les conséquences sont au cœur de la pièce. C'est une façon de mettre en perspective passé, présent mais aussi futur, puisque ces conséquences sont encore à ce jour insoupçonnées.