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L'Invisible

+ d'infos sur le texte de Marie Brassard
mise en scène Marie Brassard

: L'invisible

Dans l'obscurité, les présences se manifestent : une enfant inventée oubliée dans un livre erre le long d'une autoroute américaine; Serge Gainsbourg cherche quelqu'un pour l'aider à créer; un esprit perdu se matérialise en habitant l'esprit des écrivains et un fantôme d'argent agité par le vent émet des sons et se cherche un langage.


La chute du mur de Berlin, conséquence de l'idée d'une politique de la transparence et la révélation récente d'une imposture dans le monde de la littérature américaine. Deux anecdotes qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre s'entrechoquent et la collision révèle une interférence entre deux mondes : celui des morts et celui des vivants.


"À un moment, j'ai senti comme un souffle sortir de moi, comme si j'étais habitée par un esprit. Cet esprit s'est matérialisé devant moi et tout à coup il a pris une forme humaine. C'était un homme qui avait l'air très jeune ; en fait c'était un garçon et puis non... Ce n'était pas tout à fait un homme, c'était aussi une femme. Il avait les cheveux blonds qui descendaient le long de ses épaules. Il a mis une jupe et des souliers à talons. Il a relevé sa jupe et je pouvais voir... Non je ne pouvais pas voir. Il y avait là quelque chose, mais c'était quelque chose que je ne comprenais pas. Il m'a regardé dans les yeux et il a dit : Bonjour Je suis toi-même sous une autre forme. Je suis le garçon qui t'habite et c'est moi maintenant qui va prendre ta parole et c'est toi maintenant qui va voyager à travers moi. Il y a quelque chose que je veux dire et qui n'est pas de ton ressort. C'est une sorte de mystère qui doit sortir de moi. C'est une histoire qui ne fait pas de sens et ça sort de moi."


Quand j’étais enfant, près de la maison ou j’habitais, il y avait une voie ferrée au bout d’un champ. Avant de m'endormir, j’écoutais la sirène du train prévenant les automobilistes au passage à niveau. Mon esprit faisait de cette sirène un hurlement. J’imaginais qu’à l’endroit d’où venait ce cri, un homme très grand se tenait debout, un fusil de chasse à la main; à côté de lui, son chien. Ce n’était pas l’homme qui criait, mais "ça" qui criait derrière lui. Il se tenait debout sur la frontière entre le monde et le vide. Si par malheur quelqu’un s’aventurait au-delà de l’endroit où se tenait l’homme, il était condamné à flotter dans le néant pour l’éternité.


Cette vision ne faisait pas naître l’horreur dans mon esprit; plutôt la fascination. J'étais curieuse de ce qu'il pouvait y avoir au-delà de l’homme, dans cet espace que l’ignorance ne nous permet pas de nommer.
Quand je fermais les yeux, je pouvais ressentir l’immensité de l’Univers autour de moi et à quel point j’étais minuscule. Et je sentais la présence des morts qui me regardaient. Je savais qu’ils étaient immenses.


Tout cela étrangement avait une saveur érotique. Une main gigantesque pouvait me prendre et me manipuler à sa guise. Et je me laissais devenir l’objet du désir d’un dieu ou d’une déesse ou d’un esprit perdu.

Marie Brassard

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