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Le Banquet d'Auteuil


: Note d'intention

Il y a tout au long de la vie, on le sait, des moments où l'on est maître des évènements et d'autres moments où le hasard opère sur nous de façon si étrange qu'il nous interrompt dans notre course prévisible. Les signes qui apparaissent à nos yeux s'offrent comme des révélations. Ainsi, la première du Banquet d'Auteuil a eu lieu le 15 janvier 2014 au Théâtre des 13 vents à Montpellier, précisément le jour anniversaire de naissance de Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière. Il aurait eu 392 ans. Cette coïncidence peut paraître anecdotique, mais quand on fait du théâtre, on est bien obligé de croire, d'avoir la foi (comme le dit si bien Nina: "J'ai la foi et j'ai moins mal" dans La Mouette d'Anton Tchekhov, pièce qui traite également, rappelons-le, de la création artistique et de la place de l'artiste dans la société). Si le théâtre est un art sacré, alors c'est une des raisons que j'ai aujourd'hui de monter la pièce d'un auteur vivant : est-ce qu'elle fait bien toute sa place au sacré ? Ici, la pièce commence au moment où en France et pour la première fois peut-être dans l'histoire de la littérature occidentale un cercle de libertins s'unit en défiant le pouvoir religieux et politique. Ce qui est réjouissant quand on travaille sur une pièce comme Le Banquet d'Auteuil, c'est qu'il s'agit de raconter une grande histoire d'amour (Molière/Baron - longtemps occultée ou censurée), tout en restant au cœur de l'histoire politique et artistique de la France. C'est ce que les auteurs dramatiques appellent la petite histoire dans la grande histoire ; quand les deux sont réunies on est souvent proche d'un idéal du sujet et de la forme… En effet, c'est une chance inouïe de mettre en scène dix personnages historiques dans une pièce inédite ; qui est sans doute la plus ample jamais écrite par Jean-Marie Besset. Dix personnages qui ont tous un rapport sensible et particulier à l'art, entre autres Molière, Lully et Cyrano, qui n'ont rien moins que changé à eux trois l'esthétique du théâtre, de la musique ou du roman pour toujours! Pour apprivoiser cette fiction, on peut commencer par se nourrir inlassablement des écrits, des mémoires et des biographies des uns et des autres protagonistes, de leurs correspondances, de leurs œuvres... Puis, une fois plongé en profondeur dans ce XVIIe siècle baroque et libertin, on finit inexorablement par aimer ces illustres personnages comme des êtres de chair. On s'y attache de façon si étrange et personnelle, qu'au moment de passer sur le plateau, au moment où les acteurs vont s'en emparer, on a besoin de réunir des conditions exceptionnelles, de faire appel au sacré. Car c'est aussi le sujet de cette pièce, les vivants et les morts. Quel paradoxe fou de donner vie à des personnages historiques, - donc supposés disparus – qui ont en outre réussi de leur vivant à bouleverser le goût, la pensée et la morale, tout en étant au service du roi et de ses exigences… Un roi de droit divin… Aujourd'hui, cette première parisienne du Banquet d’Auteuil constitue un moment unique, parce que la création d'une pièce nouvelle reste une étape toujours particulière dans la vie d'un artiste. Mais aussi parce que jamais jusqu'à présent ce singulier portrait de Molière n'avais été dévoilé au grand public. C'est en quelque sorte, pour notre plus grand auteur dramatique français, une nouvelle naissance, une renaissance.

Régis de Martrin-Donos

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