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L’Heure bleue

+ d'infos sur le texte de David Clavel
lecture dirigée par David Clavel

: Juste la fin

par Anaïs Heluin - Temporairement contemporain N°6, 2018

L’Heure bleue est une proposition un peu à part de LaMousson d’été. Artiste associé au 104, le comédien et metteur en scène David Clavel, qui signe là sa première pièce, mêle deux comédiens de la Mousson à une partie de sa future distribution.

Lundi 27 août, 14h. Dans la salle où s’achèvera la 24ème édition de la Mousson d’été, les comédiens de L’Heure bleue commencent leur répétition à la dernière réplique de la scène 2 de l’Acte II. Nous sommes dans le salon d’« une maison perchée sur le flanc d’une colline au milieu des bois de chênes et de marronniers », où après vingt ans d’absence, Le Fils Aîné – les personnages, dans cette première pièce de David Clavel, ne sont désignés que par leur position dans la famille – incarné par l’auteur et metteur en scène lui-même vient de rentrer au bercail.


Venu avec son épouse, l’enfant prodigue vient d’avoir une conversation avec La Belle-Mère, jouée par la seule comédienne du festival que s’est arraché cette année la presse locale : Emmanuelle Devos, qui quitte le plateau d’une manière qu’on lui connaît bien. Avec une moue mi-enjouée mi-boudeuse en disant, chantant presque, « Incorrigible, je suis ». La rencontre entre la comédienne et son personnage n’est pas le fruit du hasard. Artiste associé au CENTQUATRE-PARIS, où il a écrit L’Heure bleue en résidence entre 2015 et 2017 et où il créera son spectacle en 2020, David Clavel a en effet écrit le rôle de cette Belle-Mère en pensant à l’actrice. De même que les personnages de La Fille et du Petit-Frère ont été pensés pour Anne Suarez – qui l’assiste aussi à la mise en scène – et pour Maël Besnard, qui participent avec elle à cette première présentation publique du texte.


L’Heure bleue est l’exception qui confirme la règle de la Mousson d’été, qui cette année comme les autres a fait découvrir des écritures diverses au public et aux stagiaires de l’Université d’été. Mais aussi aux comédiens euxmêmes, tous distribués d’office dans plusieurs mises en espaces préparées dans l’urgence. En seulement quelques répétitions. Habitués et mordus de cet exercice depuis les débuts de l’aventure mussipontaine, Odja Llorca et Charlie Nelson (voir portraits dans Temporairement contemporain n°2 et 5), dont la complicité est née et n’a cessé de grandir à la Mousson, en portent toutefois l’esprit dans L’Heure bleue. L’une dans le rôle de L’Épouse, l’autre dans celui du Père – le rôle principal – forment avec les comédiens de la future pièce une belle famille provisoire.


Comme le retour de Louis, le protagoniste central de Juste avant la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, celui du Fils de L’Heure bleue réveille bien des drames que David Clavel cherche à exprimer d’une façon très précise. Dans un naturalisme m é t i c u l e u x , traversé par des lignes de force mouvantes mais c i r c o n s c r i t e s . Limitées à l’espace d’un « Royaume » dominé par un Père malade, dont la première épouse est décédée dans un accident de voiture. Et dont la seconde femme qui, jadis amoureuse du Fils avec qui elle a même eu un enfant, a sombré dans l’alcoolisme et dans la dépression. Si l’on en croit ses prémisses, la pièce de David Clavel n’est pourtant pas aussi sombre que peut le laisser penser son texte. Poussant chaque comédien dans les retranchements de son personnage, il semble tenter d’atteindre une forme de jubilation par le jeu.

Anaïs Heluin

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