Dans la bande des YAKA, je demande :
- FAUSTUS, le père. Un boulimique du fric et du crédit à tout prix pour gogos à gogo. Il vendrait jusqu’à sa femme, sa fille, son fils si on l’écoutait toute. Mais c’est un peureux, un froussard, un teigneux de bas étage. Pantalon, le père fourbe et chassieux de la Commedia dell’ Arte, presque de la gnognote à côté. À moins qu’il ne ressemble mieux ou pire au père Ubu.

Je demande :
- FAUSSETÉE, la mère -Mère Courage du crédit- avec sa baladeuse à bras chargée de bricoles à vendre, à troquer, à déplacer, à déménager, à échanger –un sou est un sou- et folle à lier par-dessus le marché. Excepté quand ces enfants prennent des gnons. Alors là, et que je pleure, et que je sanglote, et que je me lamente sur mon sort, pas le leur, car très vite la roulette du fric de l’égoïste reprend le dessus.

Je demande :
- FAUSTO, le fils, tête à claques, tête à baffes. Bon à rien sauf à se biffer lui-même, sauf à s’essayer au shit. Pas même capable de vendre du rien, du vent comme n’importe quel fils de pub ou malfras du trottoir. Ça kiffe mal ces engins-là. Ça te pourrit tout de l’intérieur et ça se déglingue soi-même.

Je demande :
- FAUSTINE, la fille. Marre, marre, marre, elle en a marre de sa famille de fourgueurs de crédits pourris. Marre d’être seule. Marre. Et elle pleure, pleure, parce que l’amour est mort. Mais non, ma m’tite. Ça urge d’aimer, tu sais. Ça urge. Ça se trouve. Ça se chante.

Dans la bande des FOKMI, je demande :
- RAKI, le chef de la bande, un mac des trafics en tout genre. Un ancien loubard sur le retour. Il s’en est fichu jusque-là. Au ras de la tronche et de la guoule. Plein le burlingue. Un avale-tout, un crevard, un queutard d’opérette, une crapule de traîne niveau, mais dangereux quand il se sent et se sait bête. Alors il bouffe ses ennemis tout crus ou bien se fait parfois bouffer, parce qu’il a pas toujours les crocs.

Je demande :
- RITA, la femme de la bande. F ille des tapins et des lupanars avec le coeur sur la main et les talons aiguilles sur le coeur. Elle vit, marche, boule, se dandine, tendre et belle, amante éperdue toujours à la recherche de son chéri jamais encore trouvé, jamais encore venu. Alors d’amourette en amourette, elle quête. Cette petite vertu dans sa transparence magnifique connaît la musiquette. Lucide, elle a pas froid aux yeux, et remonte les bretelles à qui veut.

Je demande :
- RICO, l’insoumis de la bande. Il tangue entre le méchant hors-la-loi et le gangster amoureux généreux. Qu’y peut-il ? Quand il l’a prise dans ses bras, Faustine, qu’il lui a parlé à elle, Faustine, il a vu la vie en rose… Elle lui dit des mots d’amour… Depuis, ils n’arrêtent pas de chercher comment faire pour se plaire à jamais. Amour, amour, tu nous fais des folies… amour, amour… et des culbutes à chavirer les coeurs. Rico-Faustine, l’histoire d’un m’tit soleil qui aurait rendez-vous avec une petite lune, un beau soir sous un ciel étoilé.

« C’est quand le bonheur ?
C’est quand le bonheur ?… »

Enfin je demande :
- ZIZIMI, le sans-rien des sans riens, l’athlète sympathique de la démerde qui merde aussitôt qu’elle pourrait lui réussir. Chaque jour il prend la tasse « dans les eaux glacées du calcul égoïste ». Visionnaire transi de la condition humaine, c’est un habile malin de la combine qui foire. Mais lui sait, en philosophe de la vie et des rues, qu’ici-bas souvent les premiers ne méritent pas de l’être et les derniers un peu souvent parfois. Intérimaire permanent, il ouvre sa gueule contre les injustices qu’il dénonce autant qu’il les subit. « Biens mal acquis profitent à qui ?… »