theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « L'Homme qui tombe »

L'Homme qui tombe

+ d'infos sur l'adaptation de Olivier Waibel ,

: La Fiction comme vérité du monde

Affrontant avec les seules armes de son art un monde en morceaux, dont la représentation s’est perdue, Don DeLillo donne à voir les ressorts brisés de la belle machine humaine – psychisme, langage et corps confondus dans leur impuissance. Voyage au coeur de l’ADN de notre histoire récente, L’homme qui tombe explore les tentatives de catharsis de héros ordinaires et nous met face à nos contradictions, faisant de ce roman une véritable chronique de ce nouveau millénaire.


En prenant pour origine du récit une image liée à des événements qui ont frappé de manière extrêmement violente les psychés nationales, l’auteur examine l’impact de l’Histoire sur les parcours intimes, mettant en scène des personnages désemparés par la brutalité et le non-sens des moeurs actuelles, désorientés par la manière dont l’Histoire rattrape la fiction, et inversement. Roman sur l’identité et la mémoire, ce texte décrit l’épuisement d’un monde, nos errements dans un vide qui semble nous pousser à retrouver un sens à la vie ou à accepter l’idée qu’aucune vie n’a de sens. Ainsi, L’homme qui tombe n’est peut-être rien d’autre que la description clinique de cette torpeur qui touche aujourd’hui nos sociétés : un brouillard existentiel traversé de signes devenus indéchiffrables.


Romancier de la perte, de la chute, Don DeLillo travaille à comprendre l’individu dans l’Histoire, en le soumettant à des situations fragmentées qui sont autant de questions ouvertes. Les réponses se font multiples, hypothétiques, portées dans leurs contradictions par chacun des personnages, jusqu’aux plus dérangeantes (celles des terroristes). Il questionne, creuse, nous met face à ce qui tente de se reconstruire, face à ce qui se défait. Face à l’abîme, notamment celui de la mémoire, avec ces malades qui se réunissent pour écrire avant qu’il ne soit trop tard.


Ce texte pose une question fondamentale, qui nourrit tout autant notre réflexion individuelle que notre désir d’amener de la littérature sur scène, et nous rend l’écriture de DeLillo si urgente : comment être aujourd’hui ? En partageant tout de son intimité, rajoutant ainsi du vide au vide, créant un vertige qui déréalise encore notre rapport au temps ? En espérant la vie éternelle, entre un dieu et un chirurgien (et ne sont-ils pas collègues) ? En fuyant dans le jeu ou la virtualité, faisant du hasard et de la nécessité une ligne de vie ? En devenant dépendant à l’information, continue, en boucle ? Où se trouvent encore le réel, le référent, la stabilité ?


L’adaptation d’un tel texte permet alors non pas de répondre mais de mettre en jeu un récit ouvert, de faire entendre une langue qui nous rappelle que l’art peut être ce qui maintient l’homme debout.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.