J’ai relu ou revu les oeuvres du « dérèglement », celles où les machines sociales dysfonctionnent au point de se mettre à fumer (Le Révizor de Gogol, Le Mandat de N. Erdman, Playtime de J. Tati). Je pense que les sujets les plus politiques, les plus graves, peuvent se nicher dans une forme légère, qui n’empêche en rien la profondeur, l’émotion et la pensée. Car il y a une sorte d’émotion politique assez particulière attachée à l’Europe, monde ancien, mais monde à construire, ou à reconstruire. J’ai voulu faire de L’Européenne une sorte de revue ou de comédie musicale, car c’est aussi par la musique, et notamment la musique politique, que je suis entré dans mon sujet. J’en ai écrit la musique (y compris le nouvel hymne européen, et je ne suis pas sûr d’avoir fait mieux que Beethoven mais tant pis). Mes premiers spectacles rassemblaient une vaste troupe et jouaient sur le passage du parlé au chanté, du théâtral au musical. Cette fois-ci je veux prolonger cette recherche, ce mélange, à la rencontre d’une question brûlante, actuelle, commune à tous.

David Lescot