: La Pièce
La pièce décrit un évènement des plus
simples : un policier arrête un jeune
garçon, sans véritable motif… Dépassant
le simple prétexte, cette véritable
situation dramatique devient une réelle
machine à tension, rire et quiproquos.
Au lieu de devenir un affrontement, la
situation permet au « flic » de déverser
devant sa victime étonnée, muette son
point de vue sur la politique, le système
dans lequel il est englué, sur le « pognon
», la « taule », la discipline. Ses
remarques deviennent confidences puis
logorrhée irrépressible. Peu à peu, on
commence à comprendre que
l'arrestation n'est peut être qu'un
prétexte pour se confier. On passe d’une
situation presque comique à une
troublante empathie avec le policier : on
se reconnaît dans certains de ses propos,
dans son besoin de cadre ou de sécurité,
dans ses angoisses envers la déréliction
de nos structures sociales ou mentales.
Apparaît alors dans la pièce, une sorte
d’ambiguïté morale : on passe
continuellement de la révolte à
l’adhésion puis au malaise. Et la
construction du texte amplifie
progressivement ces étranges
impressions : on s’interroge sur la réalité
de ce personnage. Est-il vraiment ce qu’il
dit ou ce qu’il croit être ? Ne voit-on pas
une sorte de miroir de nos besoins de
devenir justicier,
un peu à la manière de ces nombreuses
icônes cinématographiques dans
lesquelles on se projette parfois et qu’on
rejette tout aussi vite, tel le personnage
de Taxi Driver s’inventant devant son
miroir avant de devenir un justicier fou ?
Le texte tient alors dans la force
destructrice du personnage,
mêlant folie et ridicule, séduction et
horreur ordinaire.
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