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Richard III

mise en scène Laurent Fréchuret

: Richard III, jeu avec le feu

Note d’intuition

Après la création du Roi Lear en 2007 au CDN de Sartrouville, la création, six ans plus tard de Richard III, avec ma compagnie Le Théâtre de l’Incendie, poursuit le compagnonnage artistique avec l’acteur Dominique Pinon qui interprète le rôle titre, et l’auteure Dorothée Zumstein qui fait une nouvelle traduction du chef d’oeuvre de William Shakespeare.


“Je suis déterminé à jouer les méchants” dit Richard dès la scène 1 de l’acte 1. Voilà une réplique manifeste, une profession de foi qu’il faut prendre comme une note d’intention de mise en scène. Richard nous prend à témoin, force le public à être son confident (son complice jouisseur ?) dès le début de la pièce. Il revient régulièrement à nous, avant et après chaque coup d’éclat, chaque “morceau de bravoure”. Il ne nous lâchera pas. Mais nous voudrons le lâcher quand il ira trop loin, car comment suivre celui qui avance seul vers son enfer… son gouffre ?


Une troupe de onze comédiens est rassemblée, éclectique, organique, fervente. Une horde théâtrale, en jeu et en mots : Dominique Pinon, Thierry Gibault, Nine de Montal… (la distribution est en cours). Une famille inquiète et inquiétante, cherchant dans ce labyrinthe de miroirs qu’est la langue shakespearienne, un jeu direct, presque brut, confectionnant voeux et sorts, bénédictions et malédictions, comme des armes pour contrer «l’irrésistible ascension » d’un monstre.


L’exploration de ce monument du théâtre mondial, de cette « Pièce/Personnage » sera construite à vue, en adresse publique, en dialogue avec les spectateurs, comme autant de sujets, de voyeurs, d’initiés… de victimes ? De complices ?


Une tragédie à bout de souffle, convoquant la présence dramatique pour donner corps au flux immémorial et fascinant du pouvoir, aux pulsions destructrices, tyranniques et, paradoxalement, aux pulsions de vie qui traversent l’homme.


Nous assistons à la métamorphose d’une réunion de famille en un champ de cadavres. Au coeur de ce clan en pleine putréfaction, Richard est l’outil, l’accélérateur de la fin d’un monde, d’une dynastie arrivée au terme de sa décadence. Il s’engagera jusqu’au bout de ce jeu dangereux, de ce rituel, et n’y survivra pas, lui non plus. Shakespeare nous raconte la mort d’une société toute entière, dans l’espace exigüe et en ruine d’un appartement royal.


Richard III est un poème dangereux, un noeud de vipère à dénouer avec la langue. Un appel au jeu comme on dit un appel au meurtre. Une tragédie mêlée à une farce, traçant avec vertige l’un des plus beau portrait du mal jamais tenté par un dramaturge. Une pensée, un souffle, un cabaret monstrueux, une partition inépuisable, un matériau brûlant, à éprouver collectivement.

Laurent Fréchuret

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