theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Karl Marx, le retour »

Karl Marx, le retour

+ d'infos sur le texte de Howard Zinn traduit par Thierry Discepolo
mise en scène Christian Frégnet

: Entretien avec Christian Fregnet

directeur et metteur en scène de la compagnie de l’Archipel, compagnie icaunaise itinérante

Pourquoi avez-vous choisi de monter cette pièce ?


Howard Zinn est un sociologue et historien, spécialiste de l’histoire des pauvres aux Etats-unis. Je ne savais pas qu’Howard Zinn avait écrit pour le théâtre. En lisant, je me suis aperçu que c’était une pochade. Et en même temps, comme toute farce, c’est très grave…
Il a imaginé que Marx recevait une autorisation du paradis pour revenir sur terre, pour venir s’expliquer devant nous et dire que ce qu’on lui a collé sur le dos, il n’en est pas vraiment responsable.
Par rapport à la manière dont il a analysé les révoltes, proposé une compréhension du monde, fait des propositions de changement, il n’est pas responsable de la perversion qui a été faite de sa pensée. Mais Zinn est un peu retord, il est plus malin que ça… Il y a deux choses qui sont mises en scène : un portrait sans concession du « grand homme », avec ses faiblesses, ses contradictions, ses illogismes... C’est pas « Saint Marx » ! Et comme quelqu’un qui avait une totale méconnaissance du monde ouvrier. Marx est un type qui n’a jamais gagné un centime. Il a étudié, réfléchi, écrit toute sa vie, mais il n’a jamais « travaillé ». Il s’est toujours fait entretenir par ses parents et par son co-auteur.
Le dernier aspect, c’est la perspective de l’histoire, qui nous montre que le monde n’a pas tant évolué que ça depuis.


Vous ne craignez-pas que le retour de Karl Marx effraie le public ?


Le titre est rentre-dedans, ça intrigue, mais personne ne sait de quoi il en retourne. Ça pourrait être une conférence, une pièce historique... D’ailleurs Zinn a mentionné sous le titre : « Pièce historique en un acte ». C’est un gag ! J’ai envie que ça fasse parler, que ça pose des questions, que ça ouvre des débats. Le théâtre interroge le monde, sans apporter de réponses préfabriquées ; d’autres métiers s’en chargent. C’est un texte qui interroge le monde. Et puis le théâtre aime bien se faire l’avocat des personnages. Alors, il s’agit quand même d’un plaidoyer pro Marx pour qu’on sorte, non pas avec une certitude, mais avec plus de doutes qu’en entrant.


Comment avez-vous choisi de travailler ce texte ?


Le théâtre va se construire dans des petits lieux, dans un rapport très direct au public… ça donne un sens particulier à ce texte. C’est du théâtre « rudimentaire », parce que les lieux et les espaces le sont ; et même là le théâtre est possible, pas en réduction, mais en miniature. C’est un art, la miniature, dans de nombreux autres domaines artistiques. Marx est aussi une vieille star. Marx le retour, c’est son « come back ». ça me plaisait l’idée de le représenter sur un tee-shirt, de détourner son image. J’aime que l’on ne soit pas dans un rapport compassé, par rapport aux auteurs, aux « grands hommes » et aux « grandes oeuvres ». Je m’intéresse plus au fond qu’à la forme, ça me nourrit et ça nourrit mon équipe. J’aime aussi l’utopie, les impossibles qui deviennent possibles.

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.